Petites causes grandes conséquences [Pv Scotis]

Dark Moon n'en pouvait juste plus. L'attitude collante, surprotectrice de son étalon commençait à l'étouffer. Elle ne pouvait même plus aller manger sans qu'il n'accourt, complètement paniqué à l'idée qu'il puisse arriver quelque chose à sa jument ou à son poulain qu'elle portait.

Au bout de plusieurs lunes, la patience de la jument frisonne fut à bout. Alors, elle s'enfuit dans le seul endroit où même s'il le souhaitait très fort, Ara ne pourrait pas la suivre : le ciel. Malgré son ventre énorme, cela faisait un petit moment qu'elle volait, seule avec soi-même, et la petite chose qui lui donnait des coups de sabots.

"- Du calme, toi aussi tu voleras un jour, tu vas aimer ça." Lui murmura-t-elle, persuadée que cette petite créature sera une unisus.

Dark Moon vola si longtemps qu'elle arriva au dessus des ruines. Elle se souvint de ce qu'Hildegard, cette grande licorne grise avait dit. Elle souhaitait s'installer ici. La pégase se dit que cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu de ses nouvelles. Les deux juments, de part leur caractère flamboyant s'étaient assez bien entendues. Alors Dark Moon décida de se poser aux abords des ruines, et appela :

"- Hildegard ? Tu es dans le coin ?"

Hildegard von Blingin’ est une jument fort occupée.

Son esprit retourne nombre de questions et la rend volatile, prompt à s’énerver sans raison au moindre changement du vent. Il faut dire que si la solitude est bonne pour sa productivité et la renaissance d’un atelier, la solitude n’est pas bonne pour ses interrogations qui restent sans réponse.
La grande jument sait qu’elle n’est pas la plus apte socialement. Elle se moque bien de l’avis des autres du moment qu’il lui est favorable : personne ne lui arrive à la cheville, c’est un fait et si les autres sont incapables de la comprendre ce n’est certainement pas de la faute d’Hilde et ce n’est pas une perte.
Cependant ...
Cependant, cela fait quelque temps déjà que Morenne est partie à la recherche de pierres et d’exploration et qu’elle ne l'a pas revu.
Et le printemps pointe déjà le bout de son nez et Hildegard se demande si elle doit aller retrouver Bloom et Fall. Elle veut les revoir, offrir la perle qu’elle lui a créée à la belle Bloom, mais aussi voir si Fall serait intéressé pour devenir son apprenti.
Ce sont de faible accroche à ce nouveau monde, mais ce sont celles d’une jument qui s’est toujours jurée de se suffire à elle-même.
Hildegard von Blingin’ ne sait pas si elle s’est affaiblie dans ce nouveau monde ou si c’est un premier signe de son âge avancé. Peut-être que son désir de faire de Fall son apprentie est un signe avant-coureur qu’elle pense à passer le flambeau.

Hildegard envoie valser la branche qu’elle n’arrive pas à briser en morceau et la regarde exploser en débris. Le voilà enfin en deux morceaux.
Rageusement, elle renvoie les débris dans un tas de petits bois. Le bois doit sécher avant d’être sérieusement envisagé pour la conception d’un nouveau batch de charbon, mais détruire ainsi le bois encore vert l’aide à expier ses pensées. Hildegard refuse d’être violente dans son propre atelier ou de faire du mal aux végétaux encore en vie autour des ruines.
Une bonne session de minage bien destructif lui ferait le plus grand bien.

Énervée, mais quelque peu plus calme, elle jette les divers morceaux de bois sur son tas de bois et observe ce qu’elle pense comme étant son domaine.
Cela ne paye pas de mine : il s’agit de trois murs tenant encore debout et d’un quatrième partiellement effondré qui fut dans un lointain passé une porte. Hildegard a déplacé en tas les gravats de pierres, collé contre l’une des parois extérieures, près d’un tas de bois. Dans cette pièce juste assez grande pour elle et ses affaires, elle y entasse des pots en terres de sa propre réalisation et qui sont donc d’une qualité très risible, ainsi que des outils de sa création, des pierres et de manière générale, de quoi former un atelier primitif. Elle aimerait faire un toit, ainsi qu’y faire une vraie forge, avoir une table et de manière générale, avoir de vrais outils, mais en seulement quelques mois et avec son peu de connaissances en dehors de la bijouterie et de la forge, Hildegard commence à ne plus pouvoir avancer.
Sa salvation vient du fait que cela lui suffit pour tailler des pierres semi-précieuses et qu’elle continue d’avancer, même si cela est de plus en plus lent.

Hildegard aurait besoin d’aide.
Mais où trouver cette aide ?

" Hildegard ? Tu es dans le coin ? " appelle une voix féminine, faisant se tourner vivement Hilde’ en sa direction.
Qui est-ce ?
En plusieurs mois, elle n’a croisé que peu d’équidés dans ses ruines et encore moins croisé quelqu’un qui la cherchait expressément. Et peu d’équidés se permettent de réduire ainsi son nom.

Confiante en ses capacités de se défendre de quiconque connaît son nom, Hildegard délaisse son atelier pour trotter élégamment vers l’inconnue, naviguant entre les statues détruites et les ruines diverses sans tracas, faisant claquer et résonner étrangement ses bijoux contre les parois, ses fers marquant son rythme rebondissant.
Non loin de son atelier de fortune se trouve une grosse silhouette noire qui la fait grimacer et relever d’autant plus l’encolure.
Ce n’est pas sa présence qui la fait à proprement parlé grimacer, mais surtout le fait qu’elle ignore totalement son nom. Il s’agit de la compagne d’Ara qui lui a laissé une très bonne impression, mais son allure de pégase frison est alourdie par la présence d’une nouvelle vie à venir.
“ Je vois que vous n’avez pas attendu de connaître ce territoire avec Ara. “ s’amuse-t-elle sèchement. Elle n’est pas réellement surprise, Ara et la pégase noire se tournait déjà autour au temple et semblait prêt à faire leur affaire sur place. Hildegard n’est juste pas tellement à son aise autour des juments pleines. Elle est cependant ravie de revoir un visage connu, quand bien même elle ignore son nom.
Elle repasse au pas à quelques foulées de la jument pour s’arrêter devant elle et lui offrir un léger signe de tête respectueux.
“ Je suis navrée de constater que personne ne nous a présentés lors de notre rencontre. J’ignore totalement votre nom. “ explique-t-elle, le visage impassible. Elle n’a pas besoin d’un nom, mais elle est curieuse d’en savoir plus sur la jument et également, sur ce qui l’amène vers elle. Ce n’est pas tous les jours que qui que ce soit cherche expressément sa présence.