Délicate ambiance automnale

Depuis ce matin, la Forêt des Lumières était justement traversée de larges rayons de soleil qui produisaient une agréable atmosphère d'automne. Une légère brume flottait ça et là à travers le bois et conférait à l'endroit un aspect féérique. A présent que le jour déclinait, les animaux commençaient à montrer le bout du nez, partant à la chasse afin de déncher quelque chos eà se mettre sous la dent.

Et ce début de soirée-là, Zyrconium n'échappait pas à la règle : le chat-cheval était sur une piste. Son petit nez à l'odorat aiguisé lui indiquait qu'un jeune renard s'était aventuré par ici il y avait quelques minutes à peine. Le grand félin - ou petit équin - s'amusait à pister sa proie en bondissant de temps à autres sur un tronc, jouant aux ninjas comme il adorait le faire. Parfois, il se volatilisait même totalement, profitant de son talent de téléportation.

Maiiiiis... Le fumet d'un animal bien plus gros vint distraire sa frivole poursuite. Ravi, Zyrconium tendit l'oreille et eut un grand sourire satisfait. Il disparut à nouveau... Et se matérialisa sur la branche qui surplombait un très beau pégase inconnu.

- Bonjour, mon chaton, le salua Zyrconium, allongé d'une manière nonchalante sur sa branche, tout en battant de la queue de manière alanguie.

Wind & Zyrconium
Délicate ambiance automnale

Une journée de plus qui touche à sa fin. Le pégase aux nuances de bleu et de vert avait passé sa journée à explorer ce qui s’appelait ici « La forêt des lumières ». un endroit magnifique bien plus accueillant que la première forêt qu'il avait eu l'occasion de visiter en compagnie de la licorne Prince. En effet ici tout était lumineux et agréable. Les arbres se paraient de leurs couleurs d'automnes pour le plus grand bonheur de Wind qui prenait un plaisir fou à monter en altitude pour observer cette chatoyante palette de couleur. Oui l'automne était bien là. Et le froid l'accompagnait. Les courants d'airs chauds ascendant se faisaient rare en cette saison. C'était pour cette raison que le fils d’Éole opta pour la marche au cœur de la végétation.

La nuit arrivait nonchalamment et se posait délicatement. Peu pressé d’amener avec elle les diurnes pour laisser place aux nocturnes. Profitant de cette agréable fin de soirée Wind c'était arrêté sur un chemin. L'esprit ailleurs.

« Bonjour, mon chaton. » Dit une voix inconnue.

Le pégase tourna la tête à droite puis à gauche. Il n'y avait personne. Il leva alors les yeux sans s'attendre à voir quelqu'un dans les arbres. Vous imaginez alors sa surprise quand il vit celui qui venait de l'apostropher.

En voilà une bien étrange créature ! Pensa-il. Mi cheval mi chat, sa robe allant du gris clair au blanc et plus tôt de petite taille. L'anonyme lui souriait gaîment. Quelque peu déconcerté il lui répondit.

« Eumh … Bonsoir, à qui ai-je l'honneur? »

L'inconnu, malgré sa splendeur physique naturelle, semblait plutôt du genre sympathique et non hautain. Zyrconium savoura silencieusement le délice que lui procurait la surprise manifeste de l'étalon ailé et posa sur lui ses grands yeux verts-jaunes qui ne cillaient que très rarement. Comme le cheval l'interrogeait sur son identité, Zyrconium se leva d'une manière faussement paresseuse, en s'étirant exagérément sur sa branche, griffes sorties pour l'occasion. Puis, il bondit et disparut... Pour se rematérialiser au sol, face au pégase.

- Je me nomme Zyrconium, déclara-t-il en faisant une révérance pleine d'emphase. Il se redressa et dévisagea ouvertement son interlocuteur. Et toi, mon mignon ? Comment t'appelle-t-on ? 

Ses pupilles verticales brillaient de gaieté et d'une envie de jouer. C'est que cela faisait bien longtemps que le cheval félin n'avait plus croisé de créatures intéressantes ! Et même si ce nouveau venu semblait un peu coincé, Zyrconium se ferait un plaisir d'un peu le titiller. Non, tout compte fait, c'était encore mieux avec un sujet coincé, songea le chat en se réjouissant d'avance.

La créature hybride bien que physiquement équine à plus de 60% présentait un comportement majoritairement félin. Une nonchalance qui allait parfaitement avec l'heure actuelle. Tellement que Wind ne put se retenir de bailler. Il nota une étrangeté nouvelle quand l'inconnu s'étira, il ne portait pas de sabot mais des pattes avec des griffes. Ainsi que des crocs. Il devait être un adversaire redoutable.
Quand l'anonyme disparu avant de toucher terre pour resurgir juste devant lui les quatre pattes dans l'humus, Wind siffla, impressionné.

« Je me nomme Zyrconium. »

Même son nom était hors du commun. Décidément, la curiosité du jeunot était particulièrement aguiché avec ce personnage. Et quelle allure ! Sa révérence était souple et maîtrisé, l'équidé en était presque jaloux.
Il fut saisi d'un léger rire presque nerveux et détourna le regard. Le second petit nom dont l'affubla le dénommé Zyrconium fit réagir Wind qui ne savait pas si cela était véritablement une marque d'affection ou simplement une façon de parler. Son opinion sur la balance penchant en faveur de la première possibilité. Le regard vert fluorescent et le sourire du petit n'étaient pas de marbre. L'homosexuel ne discernait pas pour autant l'envie qui habitait son interlocuteur.

« Wind. » Dit le pégase en se prosternant à son tour, soignant sa prestation.

Quand il releva la tête, droit sur ses quatre sabots, le fils d’Éole souria gaîment à l'hétéroclite chat.

« Pardonne moi de te questionner si vite mais ; comment fais tu pour disparaître aussi facilement ? »

En effet le pouvoir de  Zyrconium avait des similarité avec la forme élémentaire de Wind. À la différence que lui ne maîtrisait pas encore cette force. Peut être pourrait-il lui donner des techniques ?

L'équidé se rendit alors compte que le jour avait fini de disparaître. Laissant place à une lune lumineuse au croissant parfait. Il secoua la tête. Sa crinière vaporeuse glissant dans la fraîcheur nocturne. Des lucioles voletaient autours du duo. La foret des lumière portait bien son nom. C'était magnifique.

Décidément, cette rencontre s'annonçait délicieusement captivante et particulièrement contentante pour le chat-cheval. Il existait en ce prénommé Wind une sensibilité peu habituelle chez la gent masculine. Ce n'était pas le genre de réaction à laquelle Zyrconium avait coutume de faire face. En règle général, les étalons bien débilement virils s'offusquaient très vite des manières de l'hybride et faisaient montre d'agressivité afin de bien prouver ô combien ils sont virils ! Ahhhh les pauvres orgueilleux...

Le jeune pégase semblait tout chamboulé, nota Zyrconium avec intérêt. Il n'avait pas dû souvent rencontrer des créatures pareilles dans sa vie, mais le petit cheval griffus sentait bien qu'il n'y avait pas que cela. Tandis que l'inconnu aux plumes bleutées faisait la conversation, Zyrconium s'écarta afin de contourner son interlocuteur tout en posant sur lui un regard de fin analyste. C'est qu'il était drôlement bien fait, l'animal ! Il semblait plutôt puissant, en plus.

- Comment je fais ? répéta le chat de manière machinale, l'esprit occupé.

Ah ! Quand on grandissait dans la honte, chassé et brimé par tous, on avait vite fait de mettre ses pouvoirs à profit ! Mais cela, il ne pouvait le dire à ce cheval ailé ! Du coup, il se contenta de hausser les épaules autant que son anatomie le permettait tout en venant se placer aux côtés de Wind.

- Le talent, mon ami, éluda-t-il simplement, un sourire dévoilant ses crocs aux lèvres. Et un peu d'entraînement, ajouta-t-il gaiement. Nous pourrions t'entraîner si tu le désires...

Zyrconium avait bien des idées pour ce faire... Mais...

- En attendant, que dirais-tu d'une petite promenade en tête à tête ? fit-il en parcourant les alentours des ses grands yeux nyctalopes. La forêt était particulièrement belle ce soir et Zyrconium ne put retenir une patte antérieure lorsque une luciole vint voleter un peu trop près de lui. Il la tenait, toujours vivante, entre ses coussinets rebondis et la fixait avec une lueur étrange dans le regard.

Spoiler:

Son champ de vision était amoindri du à la nuit tombé, pourtant la lumière lunaire éclairait suffisamment pour voir autour de soit même sous le plafond feuillu. L’ambiance avait changé depuis que Wind avait rencontré Zyrconium. Il se sentait en confiance, nonchalant. Et également observé sous toutes les coutures. En effet l'équin chat ne cessait de lui tourner autour. Cela le mettait mal à l'aise. Le pégase tenta de ne pas y prêter attention, mais cette sensation étrange de mise à nue l’empêchait de penser à autre chose. Comme si le voyeur pouvait remarquer chaque petit détail le plus discret qui faisait l'anatomie si attrayante du pégase.

« Comment je fais ? »

Wind sur sauta. Il avait complètement oublié leur conversation. Zyrconium aussi semblait perdu dans ses pensés et dans ses observations. Puis il revint à ses côtés finissant son explication.

« Nous pourrions t'entraîner si tu le désires... »

S'il le désire … L'homosexuel désirait beaucoup de choses en cet instant et pas forcement les bonnes. Cette idée d’entraînement lui plaisait pourtant déjà beaucoup !

« Oh oui en voilà une bonne initiative ! Je serais ravi que tu sois mon professeur ! »

L'étalon souria et se mit à trottiner gai comme un pinson. Naïvement. Il hocha la tête en signe d'approbation à sa proposition de passer le reste de la nuit en sa compagnie. Il se stoppa alors quand Son camarade attrapa une luciole avec une vivacité incroyable. Wind s'approcha de l'insecte prisonnier.

« Tu compte la manger ? » Dit ce dernier en explosant de rire.

Comme il l'espérait, le pégase répondit avec enthousiasme à sa proposition. Intérieurement, l'hybride sourit de manière sarcastique : c'est qu'il était totalement nul au combat et ne se défendait que grâce au bluff et à ses apparitions et disparitions mutliples et impromptues. Néanmoins, c'était un bon moyen de passer du temps avec quelqu'un de visiblement sympathique et bien plus fin que la plupart des olibrius vivant en ce bas monde.

- Il faudra donc m'appeler Maître, commenta le félidé d'un air tout à fait sérieux alors qu'il jubilait intérieurement. Le tout en fixant la pauvre petite luciole captive. Et comme Wind lui posait la question, Zyrconium tourna vers lui sa petite tête ronde pleine de malice avant d'envoyer l'insecte volant briller dans sa gueule. 

Louchant sur son nez, Zyrconium gloussa sans oser ouvrir la gueule : la luciole prise à l'intérieur mais toujours vivante brillait tant à travers la nuit qu'elle illuminait de l'intérieur la gueule du monstre qui l'y avait placée. Il montra alors ses crocs sans les déserrer, se trouvant irrésistiblement drôle, et finit par glousser si fort qu'il dût ouvrir les lèvres.

- Je ne suis pas certain que ce genre de bestioles conviennent à mon stricte régime d'athlète, offrit-il comme réponse, mi-figue, mi-raisin.

Il reprit alors sa marche, zigzaguant joyeusement entre les arbres doucement illuminés par la lueur de la lune opaline.

Wind resta bouche bée quand l'hybride jeta dans sa gueule pleine de dent aiguisés la pauvre bête. Puis il ne put s’empêcher de rire de nouveau, voyant briller l’intérieur de la gueule de son ami. L'autre qui se retenait d'abord fini par craquer et libéra l’insecte qui se hâta de fuir. Tous deux étaient hilares et il leur fallut quelques minutes avant d'arriver à se calmer.

Ils reprirent alors leur marche dans la forêt. Ainsi que leur précédente discussion.

« D'où sors-tu, mon joli ? Je n'ai jamais eu le plaisir de t'apercevoir ici.
- Je viens de loin. D'au delà de ces terres. J'ai voyagé pendants des mois et des mois avant d'arriver. »

Le pégase était quelque peu mélancolique tout à coup. C'était vrai que cela faisait longtemps qu'il était parti de chez lui. Heureusement que son père pouvait l'accompagner partout et l'aider en cas de besoin. Enfin s'il ne l'avait pas renié …

« Là bas le professeur s’appelle Senpai. Ça veut dire la même chose que maître. » Fit il avec un clin d’œil.

Le duo arriva alors dans une grande clairière. Le vent soufflait paisiblement. Pour Wind c'était l'occasion de se dégourdir les plumes. Il accéléra le pas, ouvrit ses ailes et décolla. En quelques battements il réussi à s’élever à une dizaine de mettre. Wind baissa les yeux. Zyrconium n'était pas grand de base mais de là haut il semblait encore plus petit. Ce qui fit sourire l'étalon.

Considérant la réponse que lui avait faite Wind, l'hybride équin remarqua la mine nostalgique du pégase. Son chez lui semblait lui manquer et pourtant Zyrconium avait l'impression que son camarade se plaisait plutôt bien ici. Il conserva ses réflexions pour lui-même, coulant régulièrement un regard furtif vers Wind qui marchait à son côté. Le pégase était bien plus grand que lui et bien plus impressionnant avec ses grands ailes qui couronnaient son dos.

- Va pour Sempaï, alors ! Toi, tu seras mon chaton, ajouta Zyrcoinum d'un air satisfait, les yeux luisant d'amusement.

Leurs pas les avaient menés dans une vaste clairière illuminée par le fin croissant de lune qui ressemblait étrangement à un sourire sardonique, selon l'avis de Zyrconium. Sans prévenir, Wind l'étalon bleu vert accéléra et s'élança dans les airs. Levant sa petite tête ronde à la crinière punk, le petit cheval tigré suivit la silhouette équine des yeux. C'était un bon joli spectacle ! Et que ce devait être grisant de pouvoir ainsi dominer les courants aériens !

Tandis que Wind s'éloignait, Zyrconium sauta sur le tronc d'un énorme chêne  dont les feuilles orangées lui chatouillèrent le pelage en tombant. Il était accroché à le verticale, toutes griffes sorties. Ces dernières lacéraient sans peine l'écorce et le chatval s'élança lui aussi, grimpant au sommet de l'arbre sans en éprouver de difficulté. Ensuite, il se tapit dans l'ombre, couché sur une branche et dissimulé aux regards de Wind par l'épaisse canopée mordorée.

Et maintenant, on allait voir si le gros moineau bleu-vert saurait le trouver !

Le pégase eu un moment d’inattention dans son vol et perdit de vu son ami. Il le chercha du regard dans la clairière et entama une ronde le long des arbres. Il avait disparu.

« Zyrconium ?! » Lança-t-il à travers la masse végétale.

Wind ne souriait plus. L'hybride été-il parti, vexé de voir le pégase s'envoler sans lui ?
Ses oreilles plaqué contre son crane il glissait le long du mur d'arbre espérant qu'il se trompait.

« Senpai ?? »

Son appel était plus fort et une pointe d'émotion s'en dégagea trahissant cette boule à la gorge qui se faisait de plus en plus grande. Il regrettait d'avoir répondu à cet instinct qui l'avait poussé à quitter la terre ferme. Pour laisser là un nouvel ami.
Il battait des ailes frénétiquement devant les chênes et les sapins pour se tenir à une hauteur constante. Son rythme cardiaque montait en flèche et ses pattes avaient déjà à moitie disparues laissant place à une brume identique à celle qui composé se crinière et sa queue.

Ce qu'il ne savait pas encore, ce cher Wind, c'est que le petit Zyrconium s'attachait très rarement à quelqu'un et que lorsque l'événement venait à se produire, l'hybride était très difficile à décoller des basques de ses "amis". Il ne pouvait pas non plus encore mesurer la propension de malice du félidé : la vie n'était plus qu'un jeu à ses yeux.


Aussi, lorsque le pégase passa à proximité de sa sombre cachette, Zyrconium bondit-il dans les airs, telle une boule de fourrure griffue, pour atterrir précisément sur le dos d'un Wind en plein vol. L'orgueil du chat s'en trouva encore un peu plus alourdi.


-Surprise ! fit-il, très fièrement en s'agrippant à son "chaton".


Restait à voir si le poids de Zyrconium n'allait pas les entraîner tous deux au sol...Il ne pesait pas bien lourd mais enfin...

En un éclair une boule de poil grise lui sauta sur le dos et s’accrochait à lui. Le pégase eu un hennissement de surprise puis passa entre le rire et les larmes d'émotions. Sous le choc ses pattes avaient disparu entièrement. Fort heureusement pour les deux compères ses ailes étaient les dernières à disparaître dans ces conditions.

Le poids de Zyrconium fit baisser Wind d'un bon mètre d'altitude. Mais une fois l'effet de surprise passé l'équin chat était assez simple à supporter.

« Tu m'as fait une peur ! Je pensais que tu étais parti ... » Lui dit il une pointe d'émotion dans la voix.

Les yeux baissés comme un enfant coupable d'avoir fait une grosse bêtise.

Un instant, le kamikaze griffu regretta son comportement légèrement téméraire sur les bords quand il constata que sa monture ailée n'avait plus de jambes... Sur le coup, il était un peu moins fier ! Mais heureusement Wind se rematérialisa en entier quand il se fut remis de ses émotions.
Le pégase réajusta son équilibre et semblait supporter le poids de Zyrconium assez aisément.

-Tu ne m'avais pas encore parlé de tes pouvoirs, fit-il d'un ton fort amusé maintenant qu'ils étaient tous deux hors de danger.
Et le joli Wind aux couleurs froides qui semblait tout peiné et tout honteux...

-Je ne suis jamais loin, se contenta-t-il de répondre afin de rassurer Wind qui parassait un peu décontenancé. Je n'avais encore jamais volé, commenta Zyrconium d'un ton appréciateur en se couchant sur le pégase, bien cramponné à lui via ses pattes et le museau enfoui dans la crinière virevoltante de son ami. C'est plutôt géant !

Les paroles de Zyrconium rassurèrent le pégase qui sourit, son moral remontant en flèche.

« Tu ne m'avais pas encore parlé de tes pouvoirs.
- C'est vrai. Eh bien de ce que j'ai compris je deviens de la matière élémentaire quand mon coeur s’accélère. Une sorte de masse de vent. Je peux un peu la contrôler mais c'est très dur. Le pire reste la transformation elle même. Le moindre sur saut et je me volatilise ! C'est pas évident au quotidien. »

Il ne savait pas si son explication était claire mais c'était la seule façon qu'il avait trouvé de s'exprimer. Il remarqua comment son ami semblait apprécier d'avoir cette sensation de voler. Cela lui donna une bonne idée.

« Agrippe toi bien Senpai ! »

Sa phrase juste fini l'étalon leva la tête vers la voûte céleste. Et avec d’amples et vigoureux coup d'ailes il s’éleva. Mètre par mètre. Prenant soin de ne pas perdre son passager. Le sol était de plus en plus loin, les grands arbres prenaient l'air de buisson. La tache était ardue car plus il montait en altitude plus l'air se raréfiait. Mais Wind voulait au moins atteindre la première couche de nuage. Il voulait lui montrer à Zyrconium l'effet que ça pouvait faire de les traverser. De tout dominer. D'avoir le vent qui vous pousse toujours plus haut. Cette sensation d'infini que procure la liberté.

Encore un peu. Un tout petit peu. Enfin le pégase perça les nuages. Tous deux étaient recouvert de fines gouttelettes. Au loin devant eux une fine lumière colorait les immenses cumulus alors que le ciel était encore noir et tacheté d'or. Le soleil allait bientôt se lever.

Le félidé, bien cramponné à sa monture volante classa avec soin dans son cerveau l'information apportée par Wind au sujet de ses pouvoirs. D'un certain côté, les deux comparses avaient plusieurs points en commun ; notamment, celui de pouvoir disparaître assez facilement. Sauf que Zyrconium contrôlait son pouvoir à la perfection.

Le pégase l'avertit alors de bien s'accrocher, ce qu'il fit sans exagérer, de peur de laisser des griffes sur la robe bleue... Mais quand Wind prit brusquement de l'altitude, son petit passager tout recroquevillé enfonça clairement ses griffes ! C'était grisant mais également effrayent ! Zyrconium se sentait à la fous tout petit et infime mais aussi surpuissant ! Sacré paradoxe.

L'étalon qu'il chevauchait semblait s'être mis en tête de traverser le snuages... Et en effet, c'est ce qu'il fit ! Ils en ressortirent tous les deux mouillés, et Zyrconium avait en prime le poil tout hirsute. C'est que lui et la pluie, ça faisait deux... Mais enfin.

-Mon cher Wind, laissez-moi vous informer que vous êtes complètement à la masse !

Et il se mit à rire d'un rire quelque peu hystérique...

Il avait réussi son coup. Le cheval à plume ressentait l'euphorie de son camarade félin. C'était légitime. Après tout, tout le monde n'avait pas la chance d'avoir ces sensations. Lui aussi était euphorique. Pouvoir partager ce moment suffisait à le rendre heureux. Et même si son passager lui avait arraché quelques plumes colorant sa robe de fins sillons pourpre Wind n'avait pas mal et ne lui en voulait pas.

Les premiers rayons de la couronne solaire brillaient intensément à l'horizon. La voûte se divisait en deux mondes distincts. Les pierres dorées disparaissaient comme happées par la lumière de l'aube.

« Si être à la masse permet d'apprécier ce splendide paysage tous les matins alors cela ne me dérange nullement. » Il fit une pause et souri, béat. « Pas toi ? »

Après cet instant de silence et de bonheur infini il était temps pour les deux compères de redescendre sur la terre ferme. Wind amorça un léger mouvement de bascule sur sa gauche, les ailes tendues. Se laissant glisser dans l'air. Sans le moindre battement ils redescendaient en formant une spirale. Retraversant les nuages. Mollement sans se presser. Pourquoi se presser ? Avant de toucher terre. Les arbres reprenait leur place de géant. La rosée du matin réchauffait le sol tandis qu'une très fine couche blanche recouvrait l'herbe et les feuilles.
L'étalon à la queue et à la crinière de gaz reprenait son souffle. Le manque d’oxygène ajouté au poids de son camarade lui avait demandé une grosse quantité d’énergie. Il observait Zyrconium en en souriant.

« Il faudra le refaire ! Les matins d'hivers sont encore plus longs à se lever on pourra y rester plus longtemps. »

C'est juché sur le dos de son ami pégase bleu-vert que Zyrconium assista au merveilleux lever de soleil. L'aube les accueillait et leur souriait en les nimbant d'une aura incondescente.
C'était magnifique et encore jamais Zyrconium n'avait eu la chance de contempler un si beau spectacle.

Une fois que le soleil eut totalement émergé de son lit qu'étaient les montagnes bleues à l'horizon, Wind se laisa glisser gracieusement dans les courants descendants. Il plânait en toute quiétude et néanmoins, lorsque ses sabots touchèrent sol, Zyrconium remarqua son essoufflement. Il devait être épuisé !

-Y en a un qui va bien dormir, la nuit prochaine, le taquina Zyrconium qui, ce faisant, trompait l'émotion de sa première envolée et de cette amitié naissante. Avait-il jamais eu un ami ? Il ne s'en souvenait guère en tout cas !

L'hybride, le poil ébourriffé et trempé par les deux traversées nébuleuses s'ébroua à la manière des chats et s'assit afin d'entreprendre sa première toilette du jour, remettant son pelage en place. La langue entre deux coussinets, il demanda, un regard perçant sur Wind :
-Ca t'était déjà arrivé de prendre un passagerà ton bord ?