une fin pour un renouveau (PV Hild) (les ruines)

Après avoir passé plusieurs jours à pester, hurler et de manière générale, envoyer voler tout ce qui lui passait sous la corne, Hildegard avait finalement retrouvé son calme.
Enfin, un calme tout relatif puisqu’il s’agit en réalité du calme habituel d’Hildegard von Blingin’  :  un brasier virulent camouflé par un visage impassible, mais prêt à exploser à la moindre étincelle.
Principalement, la licorne était vexée d’avoir dû abandonner son dernier projet pour une apocalypse. Alors qu’elle avait enfin rassemblé suffisamment de pierre rouge pour finir la tiare ! Une œuvre d'orfèvrerie d’une délicatesse qu’elle n’avait jusque-là jamais atteinte et qui lui avait déjà pris quatre lunes ! Abandonné !
Hildegard souffle bruyamment, relevant l’encolure.
Quelle farce ! hurle-t-elle intérieurement à l’idée même qu’elle puisse abandonner quelque projet que ce soit. Non, elle va trouver quelqu’un, lae forcer à lui expliquer ce qu’était ce cataclysme et la diriger vers son atelier pour qu’elle reprenne son ouvrage. Ou au moins, qu’on la dirige vers quelqu’un qui saura lui indiquer le chemin.

Trottant dans une forêt, Hildegard ne peut s’empêcher de se demander où elle est et surtout, si elle est loin de son atelier. Elle doit l’être, puisqu’elle ne reconnaît rien depuis son arrivée dans une grande vallée. Cela fait trois jours qu’elle trotte au travers d’un paysage qui lui est inconnu. Hildegard connaît pourtant bien les alentours de son atelier et fait régulièrement des voyages de plusieurs semaines pour trouver ses matières premières. Le fait qu’elle ne reconnaît donc rien l’inquiète un brin.

La licorne grise finit par s’arrêter malgré son envie de continuer. Elle a besoin d’une pause après plusieurs heures à se mouvoir en presque ligne droite. Sa mâchoire claque et elle renâcle de frustration. Voilà plusieurs jours qu’elle trotte presque sans pause et toujours pas de signe de vie ! Doucement, mais sûrement, même son endurance qu’elle sait pourtant grande s’étiole. Si cela continue, elle va devoir se poser dans un endroit et se reposer quelques jours. Quelle perte de temps !

Pour le moment, en tout cas, Hildegard a trouvé un endroit charmant pour s’arrêter et brouter. L’herbe est verte et tendre, l’odeur humide de la forêt la calme, le vent danse délicatement dans les feuilles et surtout, il n’y a qu’elle dans le coin, si ce n’est quelques oiseaux qui chantent quelque part dans les cimes.
Entre deux bouchés, quelque chose attire le regard d’Hildegard qui se redresse en plissant les yeux.
Là, entre deux arbres. Est-ce de la pierre sculptée ?
Curieux.
Hildegard avale sa bouché et avance d’un pas sûr et léger vers ce qu’elle a vu.
Dépassant les deux arbres, sa bouche s'entrouvre laissant échapper un petit souffle surpris.

Bien caché par les arbres et le reste de la forêt environnante s’étale sous ses yeux des ruines. Des colonnes de pierres presque blanches, des restes de statues et divers restes de bâtiments sont recouverts d’une jeune végétation.
La pierre qu’avait initialement aperçu Hildegard se révèle être ce qu’il reste d’une statue d’un cheval cabrant, tombé dans l’herbe et brisé en divers endroits. La sculpture est d’une finesse qu’Hildegard envie (bien qu’elle n’ait jamais tenté de sculpter de la pierre en dehors de briques par le passé). C’est une œuvre d’art que le temps (et peut-être l'apocalypse ?) a détruit. Peut-être qu’un jour quelqu’un la réparera, mais ce n’est certainement pas Hildegard qui méfiante de ne plus être couverte par les arbres, observe le lieu.

Après un long moment d’immobilité, finalement un bruit lui fait tourner la tête, les oreilles pointées vers ce qui lui semble être un bruit de sabot sur de la pierre.
Hildegard hésite un court instant et finalement, s’avance d’un pas assuré vers le bruit. Si c’est un prédateur, elle pourra toujours fuir et le perdre dans la forêt. Si c’est bel et bien un équidé comme elle en a l’impression, elle va enfin pouvoir obtenir des informations !
“ Bien le bonjour ! “ salue-t-elle bien qu’elle ne voit toujours pas à qui elle s’adresse. C’est la moindre des politesses que de s’annoncer, décide-t-elle.

Visiblement, s’annoncer était une mauvaise idée, puisque tout bruit de sabots s’arrête subitement. Hildegard pince ses lèvres. Est-ce qu’elle aurait rêvé ?
Elle s’immobilise un court instant, hésitante.
Ou alors il s’agit bel et bien d’un prédateur, qui s’est mis en chasse maintenant qu’elle a idiotement indiqué sa présence. Ou alors il n’y avait pas de bruit de sabots à l’origine. Le lieu est vaste, il est fort probable que les bruits soient déformés par les vieilles pierres. Peut-être une pierre qui roule que l’écho a transformé ?
Est-ce que c’est elle ou il fait chaud tout d’un coup ?
La jument tourne son regard vers le ciel et plisse les yeux. Le soleil est haut dans un ciel à peine couvert de nuage et lui brûle presque ses yeux trop clairs et sensibles, mais malgré les pierres blanches autour d’elle, rien ne justifie cette soudaine montée de température.

Hildegard décide alors d’avancer, ses fers claquant désormais sur la pierre. Entre ce bruit et le tintement de ses chaînes, la licorne sait pertinemment que la discrétion n’est pas de son côté. Après tout, le soleil se reflète par intermittence sur les cristaux entre ses poils et elle est pratiquement d’un gris presque blanc, il y a une chose qu’Hildegard n’est pas et c’est bien discrète. La jument annonce haut et fort sa position, qu’elle le désire ou non et aujourd’hui ne fait pas exception.
La jument est persuadée qu’elle a bel et bien entendu des sabots cependant et a comme but de trouver l’équidé qui a produit le son. Ou alors elle subit de la paranoïa après plusieurs jours à chercher une autre présence équine.
Autour d’elle, des ruines, encore, mais elle note de façon absente que certaines pierres ont des traces de peintures et ... des symboles ? Quel curieux lieu, note-t-elle. Si le bruit n’était qu’une création de son esprit, elle sait désormais que c’est ici qu’elle effectuera sa pause : elle veut observer les diverses œuvres du lieu.

Alors qu’elle avance vers l’endroit où elle pense avoir entendu le bruit, la chaleur grimpe encore et elle observe méduser la végétation alentour fanée.
Hildegard se fige tout à fait, un frisson désagréable la traversant.
La chaleur ne vient pas de la météo, certainement pas. L’air ondule sous la chaleur, brouillant quelque peu sa vue.
Comme dans une forge, remarque Hildegard.
La température est haute, mais encore tolérable pour une licorne étant la fille d’un pyrocorne forgeron et qui a elle-même pour occupation la métallerie, mais ce n’est pas confortable et elle n’est pas dans une tenue adaptée, ses divers bijoux chauffant proportionnellement avec l’environnement.
Peut-être qu’il est temps de faire demi-tour. La curiosité ne vaut pas de finir cuite dans des ruines, aussi étranges et intéressantes semble-t-elles.

Alors qu’Hildegard commence à pivoter pour changer de direction (et peut-être quitter l’endroit), elle l’aperçoit. Au bout de ce qui ressemble à une allée se tient un équidé bai, une licorne ressemblant étrangement à une braise. Autour d’élui les plantes sont presque calcinées pour les ronces ou inexistantes pour les plantes plus fragiles. Hildegard ne peut s’empêcher un rictus, la politesse l’empêchant de grimacer tout à fait. Elle s’est annoncée et cet équidé l’a ignorée !
En tout cas, Hildegard n’a pas imaginé les bruits de sabots tantôt et c’est une bonne chose, pour peu que l’équidé soit seul. Hildegard n’a pas envie de socialiser avec un troupeau entier. Entre son apparence physique et la montée de chaleur qui semble émaner d’élui, Hildegard déduit qu’il s’agit a priori d’unae pyrocorne, tel son père et une grande partie de son troupeau d’origine. Ce qui est quelque chose de familier, de rassurant pour Hildegard qui se détend quelque peu, bien qu’elle décide de rester où elle est. Rassurant ne veut pas dire qu’elle va faire confiance à unae inconnu-e et aller se frotter au risque de se brûler. Les brûlures ne lui sont pas étrangères, Hildegard possède nombre de cicatrices dues à d'anciennes brûlures, mais pour autant si elle peut les éviter, c’est avec plaisir.
“ Je me nomme Hildegard von Blingin’. “ se présente-t-elle, maintenant qu’elle a un visuel.
En espérant qu’iel ne l’ignore pas à nouveau.

Hildegard lève une arcade sourcilière. Pas véritablement impressionnée par les crépitements des crins du pyrocorne, mais intriguée tout de même. Cela fait quelque temps qu’elle n’en a pas croisé, de pyrocorne. Pas depuis qu’elle a quitté son troupeau familial, en fait. La jument jauge peu discrètement l’étalon en face d’elle sur son apparence physique et sa puissance déployée jusque-là. Bonne puissance de chauffe. Très mauvais contrôle dessus néanmoins. Et ce n’est visiblement pas dû à la jeunesse. Physique attrayant cependant. Pas d’ornement pour le mettre en valeur. Peut-être un collier en un aluminium noirci, avec des inclusions de pyrope et d’opale matrice si elle arrive à mettre le sabot dessus, peut-être du grenat ? Oh, si seulement elle arrivait à mettre des éclats de sphalérite autour d’un cœur de grenat ! Elle pourrait former des flammes de toute beauté sur l’encolure fine et musclée de l’étalon. Hildegard se force à ignorer ses nouvelles idées pour le regarder s’approcher d’elle, sans bouger d’un muscle, l’expression de nouveau impassible et constate assez rapidement qu’il est plus petit qu’elle.

“ Ah ! Enchanté, je me nomme Ara. Désolé du sauna j'ai eu l'impression qu'on me suivait de près. “
Excellente posture. Un de ses fameux étalons sensibles, sans doute. Il détourne le regard et Hildegard valide son hypothèse précédente, quand bien même très peu de chevaux arrivent à la regarder dans les yeux bien longtemps.
“ Enchantée également. “ se contente-t-elle de répondre, ignorant les excuses de l’étalon. Ce ne sont que des paroles, la température ayant déjà baissé pour revenir à des températures de saisons. En agissant il avait montré sa sincérité par des actes et c’est tout ce qui compte. Hildegard n’est après tout pas venu à sa rencontre pour s'appesantir sur des frivolités sociales trop longtemps, mais pour avoir enfin, après plusieurs jours sans croiser qui que ce soit demander des informations.
“ Il semblerait qu’une tornade m’ait égarée de mon territoire habituel. Est-ce que vous sauriez m’indiquer la direction du volcan Humairaa ? “
C’est après tout le point de repère le plus important aux alentours de son atelier. Si elle peut trouver le volcan, elle peut retrouver en une semaine son chez elle et reprendre sa tiare ! Oh, l’idée de toucher ses chers outils la fait presque frémir d’émotion !

“ Du volcan quoi ? alors... j'ai connu un volcan. mais là tu vois il y a 2 ou 3 jours, je me suis réveillé dans une zone totalement inconnue. Je me souviens d'un épais brouillard et le reste... hum on peut dire que ça m'a rendu presque amnésique. ”
Hildegard ouvre la bouche pour répéter le nom du volcan près de son atelier et interdite, s’en sent incapable. Ce n’est pas un souci de vocalisation, ni une perte subite de mémoire, mais plutôt une perte subite de perception de la réalité, une perte sèche de volonté.
Un brouillard.
Il y a deux ou trois jours.
Paralysée, Hildegard n’est même pas sûre d’être dans le bon corps. Le sien lui semble soudainement engourdi, l’attraction terrestre trop forte et dure à résister. Son regard est sur l’étalon en face d’elle, mais elle ne le voit plus.
Un réveil dans une zone totalement inconnue.
Une perte totale de repère.
Ce ne sont pas ses propres mots, mais c’est exactement ce qu’il lui est arrivé également.
À travers un étrange bourdonnement dans ses oreilles, elle l'entend soupirer et continuer de parler. D’expliquer. Des explications qu’elle désirait ardemment, mais qu’elle regrette amèrement d’entendre.
Un monde entier qui change.

Sans doute pour la première fois dans sa vie, c’est Hildegard von Blingin’ qui détourne le regard. Elle tourne la croupe à l’étalon et d’un mouvement sec et enragé, son antérieur tente de passer au travers d’une pierre taillée qui gisait au sol, les diverses chaînes de la jument claquant subitement, leur bruit semblable à celui du tonnerre.
La violence du mouvement n’est rien comparée à l’horreur qui traverse la grise, ni à la douleur qu’elle vient elle-même de s’infliger. Des larmes lui montent aux yeux et si sa tête bourdonne encore, une certaine clarté vient de lui revenir. Elle est de nouveau en pleine possession de ses moyens, capable de réfléchir. La terreur sourde remplacée par une douleur sourde.

C’est une théorie qui se tient.
Un monde entier qui change.
Elle n’a, après tout, rien reconnu. Ce ... brouillard. Il n’était pas normal. Hildegard ne peut rien affirmer, bien sûr, mais ce n’était pas à ses yeux un événement météorologique normal. Sa joie de s’être enfin débarrassé de Cassandra se resserre comme un étau autour d’elle. Elle a perdu son atelier. Cassandra est peut-être morte (bien fait pour elle). Où est son troupeau ? Pas qu’elle les ait vus ou chercher, cette dernière décennie, mais elle entendait parfois de leur nouvelle par des bribes de conversation.
Hildegard a perdu son atelier.
Sa forge, ses moules, son étau, ses marteaux.
Sourde à la douleur de son antérieur, Hildegard cabre, s’abattant de tout son poids sur la pierre qui ignore l’acte, ne bougeant pas d’un iota. Tout aussi enragée qu’est la jument, le visage déformé par une horrible grimace, elle n’en reste qu’une frêle jument. Musclée par des années de forge, habituée à utiliser la gravité efficacement, mais à la corpulence toute relative.
Elle hurle. De douleur et de rage, encensées par son incapacité à briser ce maudit caillou, qui était peut-être dans un passé glorieux un bout de colonne, un morceau de bâtiment.
Plusieurs personnes ont subi la même chose qu’Hildegard, a expliqué l’étalon. Agra, c’est son nom ? Sans doute. Quelque chose comme ça, si ce n’est pas ça.

Un faible gémissement secoue Hildegard qui pose la tête contre la roche, s’affaissant sur ses genoux.
Elle a perdu son atelier. Son cher atelier. Qu’elle a passé des années à aménager, troquant avec d’autres chevaux pour le matériel qu’elle ne pouvait pas trouver elle-même, fabriquant elle-même son équipement. Des années de labeur, à la sueur de son front. Disparut. Toutes les œuvres qu’elle conservait jalousement dans l’angle qu’elle considérait comme étant le cœur de son foyer. Envolée.
Sa croupe s’affaisse et la voilà tout entière couchée contre la pierre taillée, sanglotant.

Hildegard von Blingin’ se laisse aller au désespoir quelques instants de plus, avant de fusiller du regard le porteur de nouvelles et de tenter de se relever. Son geste est brutalement interrompu par une pique puissante de douleur à l’un de ses canons et elle s’effondre à nouveau en étranglant un cri, ses bijoux cliquetant dans sa chute. La jument tente de masquer sa grimace et s'essuie violemment les yeux contre un genou, tentant de jauger de la douleur. Ce n’est pas maintenant qu’elle a un atelier à refaire de zéro qu’elle peut se permettre d’être blessée ou pire, de perdre l’usage d’un membre. Ses antérieurs lui font mal, une douleur sourde et lancinante, mais c’est une douleur supportable.
Faible.
Hildegard n’est qu’une faible, se laissant ainsi à pleurer publiquement. Devant un inconnu qu’elle considère comme faible. Et pourtant, en cet instant, elle se sent au-dessous de lui et surtout, misérable.

C’est un contact sur son encolure qui la fait sursauter mollement, pour poser un regard du coin de l'œil sur le maudit pyrocorne. Un geste qu’elle sait pertinemment être un signe de réconfort fait bouillir le sang de la jument l’espace d’une seconde avant qu’il ne se glace. S’il y avait besoin d’une preuve de sa faiblesse, la voilà : un étalon qu’elle ne connaît que depuis quelques minutes tente de la réconforter ! Elle ! Hildegard von Blingin’ !
“ Allons. On trouvera une solution. On ne sait pas ce qui se passe pour l'instant, mais nous ne sommes pas seuls, et j'ai déjà retrouvé du monde que je connais. Alors rien ne dit que c'est la fin. Tu vois, tu es en vie, tu n'es pas seule, et surtout on en sait rien du reste. “
Hildegard ne peut s’empêcher d’exploser de rire. C’est un rire horrible, rendu rauque par ses larmes qu’elle essuie rageusement de nouveau sur l’un de ses genoux et surtout, de par sa froideur. Un rire n’a aucun droit à être si froid.
“ Être seule m’importe peu. “ vocifère-t-elle, dédaigneuse. Elle ne laissera pas sous-entendre que c’est la solitude qui la ronge ou l’inquiétude envers ... quelqu’un. Envers qui que ce soit. Hildegard von Blingin s’est faite seule, à la sueur de son propre front et personne n’a le droit de penser qu’elle a besoin de quelqu’un pour quoi que ce soit.
Elle foudroie du regard ses maudits antérieurs douloureux, par sa propre faute. Hildegard semble enchaîner les erreurs ces dernières années et une part d’elle-même veut accuser cette peste de Cassandra, quand bien même Hildegard sait très bien que les erreurs de jugement ne sont dues qu’à elle-même. Erreurs que la licorne grise espère ne pas répéter.
“ La seule chose que je veux savoir de cette situation, c'est si cela se répétera. Et si oui, quand ? Je ne peux pas attendre idiotement que quelque chose se passe. Si je n’ai plus mon ancien atelier, j’en ai un à construire. “
Les larmes ne coulent plus, bien qu’Hildegard aboie plus qu’elle ne parle, le temps n’est pas au deuil de son ancien atelier. Si elle ne peut le regagner, elle doit en bâtir un nouveau et au vu de l’ampleur de la tâche qui l’attend, elle n’a pas de temps à perdre. Ni en conversation vaine ni en discussions philosophiques.
Adra (est-ce bien son nom ?) a raison, ce n’est certainement pas la fin.

Ce n’est pas une (simple ?) catastrophe métaphysique (apocalyptique ?) qui peut venir à bout d’Hildegard von Blingin’ ! Rien ni personne ne mettra à genoux la licorne ! Si ce n’est son propre orgueil.
Elle repousse de l’encolure l’étalon et se force à se relever, mettant son poids autant que possible sur ses postérieurs.
Faiblarde inutile, s’insulte-t-elle en son for intérieur.

Immobile, Hildegard n’a presque pas mal aux antérieurs. Pour le moment.
Le moment où elle se met à marcher ? Elle aura mal. La licorne grise le sait d’avance.
Idiote, s’insulte-t-elle à nouveau intérieurement, comme si faire cela en boucle l’aiderait un jour à calmer ses ardeurs et sa colère habituelle qui, à ce stade, pourrait être son deuxième prénom. Hildegard Colère von Blingin’, ça sonne bien. Ou bien Hildegard Gourdasse von Blingin’ pense la concernée tout aussi subitement que la première idée de renommage lui ait apparu. Pas qu’elle partagera ses facéties et ruminations intérieures, tout occupée qu’elle est à paraître digne et droite, le regard porté sur la forêt qu’elle a quitté au-delà des ruines. Tout ça pour garder l’image qu’elle s’est imposée de licorne indépendante, plutôt que d’accepter qu’elle s’est énervée inutilement, encore une fois (cette manie qu’elle a d’exploser subitement alors que cela ne changera rien au passé ne l’a jamais aidé, ne l’aidera jamais et à ce stade Hildegard est persuadée que ça ne changera pas).

Heureusement, l’étalon ne semble pas la lâcher seule et Hildegard souffle. Malgré l’agacement apparent, elle est secrètement ravie qu’on lui demande de parler de l’amour de sa vie. Enfin, du lieu de l’amour de sa vie : son atelier de métallerie, sa vie, son œuvre.
La grande perche grise ne peut s’empêcher de se redresser, les oreilles pointées vers l’étalon, la queue en panache, et ravie, se lance dans un monologue :
“ Rien que cela, oui, le plus bel atelier à l’est du volcan Humairaa ! “ déclare-t-elle, ignorant sciemment de mentionner l’ouest du dit volcan, où se situe la vallée de son troupeau natal où les artisans sont moins autonomes et capables de plus belle création qu’Hildegard, bien qu’elle cherche sans cesse à oublier ce fait. Si elle l’ignore, ce n’est pas une réalité dans laquelle elle doit vivre.
“ Un atelier de métallerie et de bijouterie, crée par mes soins “ (et l’aide de plusieurs autres chevaux dont Hildegard a légitimement oublié le nom) “ Les métaux les plus purs, minées avec soin au fil des années, des gemmes taillés avec soin capable de refléter le soleil même à l’ombre, des chaînes aussi fine qu’un crin, mais aussi solide que la roche. J’y fabrique les bijoux les plus délicats pour toustes celleux qui savent m’offrir un service similaire en retour. ”
Seule ombre au tableau idyllique qu’Hildegard a formé dans son imagerie personnelle : ledit atelier n’est plus que cela, une image dans son esprit. Cela ne la démonte pas, car elle adore s’entendre parler et elle remonte délicatement le menton pour laisser voir pleinement son encolure à l’étalon et surtout, l’énorme gemme en forme de goutte d’eau logée à la naissance de son encolure.
“ Regardez cette gemme, n’est-elle pas scintillante et resplendissante ? “
Hildegard garde la tête haute, mais présente une jambette parfaitement exécutée.
“ Et regardez ces fines chaînes ! Et ces incrustations de gemmes ! Tout ceci est mon œuvre ! “ finit-elle d’expliquer, son air froid toujours présent, mais pour l’espace de quelques minutes, laissant voir un fin sourire. Hildegard’ est réellement heureuse de pouvoir faire admirer ses créations, même si elle ne laisse pas tomber son air de prétentieuse avec l’étalon encore inconnu.

La jument était toute contente de l’effet de son travail. L’étalon s’était approché pour voir de plus prêts, visiblement abasourdis. Hilde est fière. Ce ne sont peut-être pas ses pièces les plus techniques, les plus complexes ou qui ont demandé le plus de ressources rares, mais ce sont des bijoux qu’elle a confectionnés pour elle, pour la mettre en valeur et pouvoir en toute condition présenter la finesse de son œuvre.
Son énorme gemme en bas de son collier n’est techniquement qu’un vulgaire béryl, pas une pierre précieuse, il y a des petits éclats opaques dedans, mais elle en a travaillé les facettes de façon à ce qu’il ne reste qu’une gemme blanche qui répercutent les couleurs de l’arc-en-ciel lorsque frappé par le soleil correctement (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, mais cela n’empêche pas Hilde d’être fière de la taille de la gemme et de savoir que le soleil s’y reflète faiblement). Toutes les pierres de ses bijoux sont du quartz ou du béryl, mais Hilde les a travaillés pour que de loin, on ait l’impression d’avoir des petites gemmes à la qualité parfaite. Elle n’a peut-être pas le talent de sa tante Jutta quand cela concerne la taille des pierres précieuses, mais le talent d’Hildegard réside dans l’incrustation des gemmes dans des bijoux d’une grande qualité pour en faire ressortir leur beauté naturelle.
Et Hilde est particulièrement fière des chaînes constituantes de complexes bracelets à chaîne. Un long travail de plusieurs mois qui est certes bruyant, mais mets en valeur la finesse de ses membres et surtout, la finesse des maillons qu’elle est capable de couler et forger. Ce sont ces petites chaînes qui sont sa plus grande fierté et peut-être la seule chose qu’elle fait mieux que son père.

“ Je n'ai jamais vu d'objet pareil, enfin.. je m'en souviens pas, je sais pas si j'ai connu ça jadis, mais ça me fait un drôle d'effet. “
Hilde n’arrive pas à cacher le sourire qui transforme entièrement son visage. Elle est définitivement ravie de l’effet que ses créations ont sur le pyrocorne. Il n’a peut-être pas de point de comparaison, mais il semble reconnaître qu’il s’agit de bijoux uniques en leur genre et c’est tout ce qui compte : que les œuvres d’Hilde soient reconnues. Peut-être que dans le futur, elle pourra le convaincre de la laisser lui confectionner des bijoux ? Hilde reste convaincue qu’un collier lui irait à ravir, si elle peut se le permettre. Bien sûr, son laïus sur un unisus capable de se transformer en métal ne l’intéresse qu’en passant. Oui, oui, c’est une capacité formidable, elle en est convaincue, mais cela n’a aucune incidence sur son travail. Il y a une multitude d’équidés avec des capacités très impressionnantes dans le monde. Hildegard von Blingin’ n’a que sommairement envie de voir ses œuvres comparer à des équidés dont elle ignore l’existence.
“ Mais comment te débrouilles-tu pour faire des choses pareilles ? “
Hildegard ne peut empêcher un petit rire suffisant de contentement : elle adore que ses œuvres soient admirées et le centre de l’attention, elle pourrait en parler des heures durant !
“ Assez simplement une fois qu’on a la technique ! C’est un travail long qui demande de la patience et de la minutie, mais le résultat en vaut la peine. “
Et Hildegard ne ment pas quand elle dit que cela prend du temps, chacune des chaînes de ses bracelets lui a pris plusieurs semaines du moule à l’assemblage, sans compter le temps de minage et de marchandage avec d’autres équidés pour obtenir les matières premières. Mais parler du temps requis pour une de ses oeuvres n’est pas la partie la plus passionnante de la métallerie et Hildegard ne s’y attarde pas.
“ Il faut d’abord épurer le métal pour s’assurer une consistance adéquate, puis préparer des moules, réaliser les maillons individuellement avant de les assembler et de les accrocher aux bracelets. Les gemmes sont taillées avec des outils, puis polies avec l’aide de l’eau. “
Bien sûr, Hildegard n’explique pas dans les plus infimes détails ce que chaque détail implique en termes d’outil et bien sûr, des pertes qu’il y a lors de faux mouvements ou de mauvaise qualité du métal. Aucune fournée de maillons n’est parfaite et il n’est pas rare de devoir recouler les maillons pour refaire des barres de métal. Cela fait partie du métier et bien qu’avec le temps, Hildegard a de moins en moins de loupés (elle a après tout des années d’exercice dans les sabots), il lui arrive encore de ne pas avoir correctement prévu une bulle d’air, un manque de matière première, une mauvaise porosité du sable ou une multitude de petits détails techniques.
“ J’ai grandi dans une famille d’artisan et ai appris des meilleur-e-s. La base de mon collier en cuir vient d’un autre artisan, mais les breloques que vous pouvez voir dessus ainsi que les chaînes et les gemmes sont ma création, le travail du cuir est plus grossier, il ne demande pas autant de précision et prends moins de temps, mais il n’en est pas moins important. “ conclu-t-elle. Pour la plupart des chevaux, ces explications suffisent, ielles savent admirer, mais ne comprennent pas tous les menus détails de l’artisanat que Hildegard trouve passionnant et elle n’a pas envie de bombarder Adra (est-ce bien son nom ?) d’information s’il ne les écoutera pas avec l’attention qu’elles méritent. Même si, il a l’air intéressé, peut-être qu’Hildegard peut se permettre de lui en dire bien plus ?

Adra (soudainement, Hildegard s’en veut presque de ne pas être sûre du nom de l’étalon en face d’elle), contre toute attente, n’était peut-être pas aussi pitoyable que prévu vu qu’il était en train de lui poser des questions et de sincèrement s’intéresser à ce qu’elle fait. Hildegard est presque tenté d’analyser pourquoi elle en est venue à avoir des idées si peu charitables envers cet étalon un peu méfiant avant qu’il ne voit qu’elle n’était pas un prédateur (ou un danger) et qui jusque-là, est resté courtois et prompt à l’aider. Mais analyser son propre comportement demanderait à Hildegard d’accepter qu’encore une fois elle n’était pas aussi vertueuse qu’elle aime à l’imaginer, ce qui n’arrivera pas de sitôt.
“ Votre Darky ? “ s’interroge à haute voix Hildegard qui flaire une future affaire. Une habitude : s’intéresser de près au type de clientèle qu’elle peut avoir pour flairer rapidement quel genre de service elle peut bénéficier en échange. Ne pas avoir d’atelier ne fera que la ralentir, cela ne l’arrêtera certainement pas. Mais l’étalon continue de parler, de ses pouvoirs. Ce sont des questions légitimes et Hildegard von Blingin’ se sent mieux qu’elle ne s’est jamais sentie depuis son arrivée sur le territoire. Certes, elle n’a plus son atelier, elle a réellement tout perdu, mais son intérêt en métallerie brûle encore et on lui porte de l’attention. Qu’est-ce qu’il n’y a pas d’appréciable dans cette situation ?
“ Je confectionne moi-même mes outils, ils sont très répréhensibles, mais en effet avoir de la psychoki-
- Juste un instant Hild' et je reviens à toi. “ interromps abruptement l’étalon, qui part en hennissant et en laissant une Hilde couiner d’indignation. Déjà, parce que ce surnom est idiot et ensuite, comment ose-t-il la délaisser en pleine conversation ?! C’est surtout ce second point qui fait qu’elle tape du sabot contre le sol, démunis de pouvoir faire plus vu que l’étalon est en train d’appeler unae dénommé-e Bloom et n’est plus devant elle pour qu’elle puisse foudroyer du regard autre chose que son dos.

L’indignation se calma sensiblement quand Hildegard von Blingin’ vit débarouler un poulain. Ah, souffla doucement son esprit.
Bien qu’elle n’apprécie pas qu’on lui coupe la parole, qu’on l’ignore et la délaisse, surtout de façon aussi rapide que cela, Hildegard est presque capable de supporter que cela soit pour un poulain. La licorne grise n’est certainement pas mère Thérésa et est très égoïste, mais même elle ne peut véritablement en vouloir à quelqu’un de prioritisé un poulain. Elle souffle, démunie, en se tournant vers les nouveaux arrivé-e-s. Une jument fuchsia et un poulain plus orange qu’alezan. C’est surtout la jument qui attire son regard, avec son marquage blanc, ses yeux ourlés de noires et des longs crins ondulés. Son esprit lui hurle OBSIDIENNE et Hildegard est bien d’accord. De magnifiques pierres noires étincelantes montées autour des bras en bracelet lui iraient très bien. Les deux adultes parlent et Hildegard, peu poliment, se racle les cordes vocales pour leur rappeler sa présence. Elle ne souffrira pas qu’on l’ignore plus de quelques instants. La jument est là, très bien, le poulain aussi, maintenant l’étalon peut retourner l’admirer et la jument peut faire de même ! Et le poulain également, il y a toujours quelque chose de magique dans le fait de faire admirer ses créations à des poulains qui ne comprennent jamais correctement le travail nécessaire et pensent que tout est magique autour d’elleux.

“ Allô ! Tu es belle, es-tu une reine ? “
Hildegard baissa doucement le regard vers le petit équidé qui venait de la rejoindre au trot et qu’elle avait presque ignoré jusque-là.
“ Bonjour toi. “ le salue-t-elle, ne bougeant pas plus que cela. Elle n’allait pas ignorer quelqu’un de poli, mais ce n’est au final qu’un poulain et elle n’allait pas faire comme bien nombre d’autres juments qu’elle avaient connu par le passé et se baisser pour être à son niveau. Hildegard est une grande perche naturellement et ne se baisse pour personne (autre que Cassandra). L’innocence des poulains ... Ce n’est pas quelque chose qu’elle apprécie, la naïveté de leur regard sur la vie qu’ielles ne connaissent pas encore la fatigue, mais celui-ci la compare à une reine et qui est Hildegard pour ne pas accepter un compliment ?
“ Merci beaucoup, mais non, je ne suis pas une reine. Je suis métallière. “ se présente-t-elle, se doutant que ce n’était pas suffisant pour un poulain et continue donc. “ Je travaille le métal, parfois les pierres et fabriques des bijoux. “
Si l’étalon semble content de l’ignorer pour la nouvelle venue, au moins Hildegard peut se contenter de l’attention d’un poulain.

Hilde fut enchantée de lire l’admiration dans les yeux du poulain et ne put s’empêcher un bref pincement au cœur : c’est ce genre de réaction qu’elle désire ardemment. Peut-être que son arrivée sur ce territoire n’est pas si négative que cela, si tous les chevaux qu'elle rencontre ici ne la jugent pas par rapport au travail de son père et acceptent avec enchantement ses créations, sans leur chercher de défaut. Certes, Hildegard a perdu son atelier, mais elle pourra le refaire, en refaire un encore mieux maintenant qu’elle sait exactement ce dont elle a besoin. Elle a bien plus d’expérience que lorsqu’elle a fabriqué son premier atelier après tout. Peut-être que contre toute attente, ce n’est pas une mauvaise chose pour elle ce cataclysme. De l’admiration, pas de Cassandra, un nouvel atelier (mieux aménagé ?) ...

Elle n’eut cependant pas le temps d’engager dans une discussion le poulain, car l’étalon venait de revenir à la charge et de presque hurler un sobriquet qui attira l’attention de Hilde qui grimaça.
“ Je m’appelle Hildegard, pas ‘Hilde’ “ explique-t-elle à l’étalon comme s’il était idiot. Rares sont les gens autorisés à utiliser un diminutif et elle ne se rappelle pas avoir donné son autorisation au pyrocorne.
“ Désolé d'avoir écourté notre discussion, on va avoir un petit souci ! enfin ... petit ... “ s’excuse l’étalon et Hilde se retient d’aller envoyer celles-ci là où elle pense, mais il s’est excusé, c’est l’intention qui compte et son attitude a l’air soudainement presque stressée. Hildegard tourna son attention tour à tour sur la jument, puis l’étalon, les regardant de haut, les jaugeant pour savoir si la nouvelle était le souci. Sauf qu’elle ne semble pas belliqueuse, toute trottant vers elleux qu’elle est et l’étalon lui tourne le dos, impliquant une certaine dose de confiance. Peut-être qu’elle apporte des mauvaises nouvelles, déduit la licorne grise, mais n’en est pas forcément une. Hilde se contente de lever finalement un sourcil vers l’étalon.
“ Quel genre de ‘petit’ soucis ? “ demande-t-elle finalement, l’air fermé d’une jument qui attend de sabots fermes qu’on lui explique la situation afin qu’elle puisse agir en conséquence. Elle espère que ce n’est que l’étalon qui s’excite pour pas grand-chose, car la jument nouvelle venue est presque calme de son côté, mais après un cataclysme, Hilde s'attend presque à tout. Heureusement, Hilde n’est pas arrivée à son âge juste en étant jolie : elle possède autant d’instinct de survie que n’importe quel autre équidé.

Son attention est cependant presque captivée par l'interaction entre la jument et le poulain Fall, donc. Bien qu’elle tenta de garder un masque impassible, elle ne put s’empêcher de lever un second sourcil, clairement amusée par la réponse du petit. Il a du cran de répondre ainsi à sa mère. Et indirectement, il a répondu à la question d’Hildegarde concernant le nom de l’étalon : Ara, pas Adra. Ce qui est ... plus court. Au moins, la licorne grise pourra l’appeler par son nom correctement et n’aura pas à hésiter ou éviter de l’utiliser si elle lui adresse la parole. Ce n’est pas négligeable. Hilde est surtout mi-amusée, mi-satisfaites de savoir qu’elle est plus intéressante que l’étalon et ne peut s’empêcher un regard satisfait en coin qui peut se traduire en “ tu vois, je te suis supérieur, avorton “, bien qu’elle n’en pipera pas un mot à haute voix par politesse (toute relative). Finalement la tension se résout assez simplement avec le poulain retournant près de sa mère, comme tout bon poulain. Cela ne convainc pas Hilde de soudainement se mettre à aimer les poulains dans leur ensemble, mais celui-là, elle se voit bien l’apprécier. Elle aime son attitude, au minimum.
Le poulain de nouveau avec sa mère, Hildegard von Blingin’ ignore totalement la jument et reporte toute son attention sur l’étalon, attendant sa réponse.

Hildegard esquissa un petit sourire mesquin, ouvertement amusé de l’air de vainqueur affiché par l’étalon. Une chose est sûre, c’est que l’étalon a une paire de lucioles quelque part en lui et c’est une bonne surprise, même si Hilde n’en doute pas véritablement. Après tout, passé la rencontre initiale, il semble un étalon qui a les choses en sabots. Oh, ne vous y détrompez pas, Hildegard n’est pas en train de se faire un ami d’Ara, mais il l’amuse et pour un peu, elle se voit bien continuer de l’asticoter un long moment pour se distraire. Si elle en avait le temps, avec un atelier à refaire, ce n'est pas véritablement le moment de se faire des relations, toutes plaisantes ou utiles fussent-elles (à moins qu’il s’agisse d’un client, pour sa Darky ou pour lui-même, mais cette discussion précise semble pour le moment au point mort).

“ Eh bien Hild, est-ce que déjà, tu as déjà rencontré un démon. En espérant que tu ne sois pas aussi amnésique que certains ... Tu sais ce que c'est, au moins ? “
Non, retirer ce qu’Hilde a pensé juste avant qu’il n’ouvre la bouche, il se moque ouvertement de sa pogne. La licorne grise roule des yeux. Quand elle demandait s’il y avait un petit souci, vu leur attitude, elle s’attendait à un étalon en mal de juments, un souci de territoire, un prédateur dans les environs, bref pas mal de choses véritablement dangereuses ou inquiétantes, mais pas une fable pour poulain. Ce n’était pas une réponse adaptée à une question pourtant simplissime. Et elle, amnésique ? Un peu de respect s’il vous plaît, Hildegard n’est pas une simple d’esprit et possède encore toutes ses facultés mentales. Ce n’est pas une petite apocalypse qui lui fera perdre sa mémoire.
La licorne grise s’apprête alors à répondre de façon acerbe à l’étalon, mais se fait couper par la jument dont Hilde ignore le nom.
“ Je ne crois pas que ça soit le temps pour les défis d'impolitesse. On devrait plutôt discuter d'un plan pour retrouver les autres. Et Dark Moon aussi. “
Dark Moon ? Peut-être la susmentionnée Darky d’Ara ? Ou peut-être pas. En tout cas, la jument magenta et noir a son attention et Hildegard la regarde, redressant l’encolure pour la jauger d’une position plus haute. La mâchoire crispée, Hildegard se sent jugé et toise en retour, mais l’inconnue est illisible pour Hildegard qui ne sait pas s’il s’agit juste d’un comportement dominant ou d’une insulte. Après tout, Hildegard peut tout aussi bien considérer que la réprimande n’était que pour Ara, mais étrangement, Hildegard est persuadé que la remarque la concerne aussi. Dans tous les cas, la jument grise commence à en avoir marre de ne pas saisir toutes les subtilités et sous-textes de la discussion des deux autres adultes justes parce qu’elle manque de contexte.
“ Quelles autres ? Qui est Dark Moon ? Un peu d’informations pour que je puisse comprendre la situation et pourquoi une fable pour enfant vous préoccupe autant ne serait pas de refus. “ exige-t-elle, ponctuant sa dernière question d’un coup sec d’antérieur contre le sol, faisant claquer son fer contre la roche et ses chaînes contre son membre, causant plus de bruit que la situation ne le demande, mais puisque personne ne semble prêt à offrir sur un plateau les informations, voilà Hildegard obligé d’aller les chercher.
“ D’ailleurs, nous ne sommes pas présentés “ continue-t-elle à l’intention de la jument, “ mais je suis Hildegard von Blingin’, j’ai cru comprendre que le jeune étalon s’appelle Fall, si je ne m’abuse pas ? “ demande-t-elle à l’intention du poulain qui leur tourne autour, espérant que cette perche pousse la nouvelle venue à se présenter ou au moins poussera Ara à faire les présentations. Ce n’est pas parce qu’Hilde n’est pas la plus grande fanatique des socialisations dans des ruines qu’elle n’aime pas savoir le nom de toustes les participant-e-s. Elle a déjà mis pas mal de temps à capter le nom de l’étalon après tout. Inutile de faire la même chose avec les deux dernier-e-s arrivant-e-s.