Symphonie exogène [priorité Stormjaw] (l'étang)

Vaillant n'avait plus de vaillant que son nom.

Haletant presque, bien qu’il s’efforce de garder la bouche fermée, recouvert de sueur fraîche et chaude, les muscles tressaillant à chacun de ses pas et tout son corps hurlant sa déshydratation.

Au début de leur marche, Vaillant tenta de maintenir une bonne allure au pas ainsi qu’une conversation légère, envoyant comme il le peut du réconfort dans l’aura de Stormy, mais au fur et à mesure de la journée, ses forces se sont amenuisées et il a fini par ... ne plus sentir aucune aura. Cela ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps et Vaillant passa plusieurs foulées à paniquer intérieurement, subitement coupé du monde qu’il ressent habituellement si intimement.
Plusieurs heures après ce fait, Vaillant est résigné au fait qu’il est trop déshydraté et trop fatigué pour se soucier de cela.
Poser un sabot après l’autre est devenu graduellement plus complexe pour la licorne alezane qui se sent faible. Dans le cratère il était dans un état physique similaire, mais il était motivé à quitter ce maudit lieu. Presque deux jours plus tard, l’étalon n’est juste plus capable de se tenir tout à fait debout sans chanceler régulièrement ou continuer de réfléchir. Il n’ignore pas sciemment Stormjaw, mais ... il l’ignore presque inconsciemment, tout concentré qu’il est à rester debout et à avancer. Son endurance arrive à sa fin, Cœur Vaillant en a conscience et il a beau ignorer les plaintes de son organisme, bientôt arrivera le moment où il s’écroulera juste.
Quelles aventures ! maugrée intérieurement l’étalon, maudissant sa chance d’être tombé dans un cratère de volcan après un cataclysme qui lui a fait perdre tout repère.
Heureusement, la chaleur ne s’est pas spécifiquement emballée et même au midi solaire, l’air est supportable pour l’étalon poilu.

Vaillant souffle pour dégager à nouveau ses naseaux et l’aider à respirer. Ce geste brusque manque de le faire tomber à genou à nouveau et l’étalon grommelle dans sa barbe incompréhensiblement. Même à son esprit il n’est pas sûr de former le moindre mot, c’est plus une suite de consonnes avec quelques voyelles dans le tas pour rendre cela prononçable.
C’est alors qu’il se redresse, ses muscles vibrent presque sous l’effort qu’il entend un bruit.
“ C’est des grenouilles ? “ demande-t-il faiblement à son compagnon de route. “ Si ce ne sont pas des grenouilles, ça y ressemble drôlement. “
Ou alors la déshydratation, le fait d’avoir marché toute la journée (et toute la veille) sans pause et le fait de n’avoir pas eu un véritable repas depuis plusieurs jours causent à Cœur Vaillant des hallucinations auditives. Ce ne serait malheureusement pas trop surprenant pour le Cœur éreinté.
Pour la première fois depuis trop longtemps aujourd’hui, Vaillant relève le regard au loin pour voir ...
“ C’est du vert ? Du vrai vert et pas juste du marron un peu vert, hein ? Dis-moi que je rêve pas Stormy. “ implore-t-il en se tournant vers le mulet.
Les grenouilles sont un énorme indice qu’il y a dans le coin une étendue d’eau, mais la présence de vert ravit le cœur de Vaillant. De l’eau ! Vaillant en baverait presque à l’idée, s’il n’était pas sincèrement déshydraté depuis pratiquement deux jours. Son cœur fait des chaloupes à l’idée d’avoir de l’eau à presque portée de sabot, si seulement il peut encore pour quelques mètres supporter son propre poids et se tirer vers la direction de la verdure. Le soleil est bas dans le ciel, mais le ciel est encore bien bleu, il n’est pas si tard, peut-être qu’ils pourront atteindre l’eau avant qu’il ne fasse nuit noire.

Stormjaw à ses côtés semble emplie d’une nouvelle énergie et Vaillant laisse échapper un petit rire silencieux en le voyant presque bondir vers le bruit des grenouilles en l’invitant à le suivre. Le regain d’énergie du mulet aide Vaillant à rassembler ses forces pour, non pas accélérer comme il l’aurait souhaité, mais au moins le suivre d’un pas pesant. Il a cependant moins envie de se laisser tomber au sol et son pas semble plus assuré en suivant son ami.
“ Je vais m’assurer de manger au moins mon propre poids en herbe ! Il n’en restera pas pour toi ! “ souffle-t-il, blagueur.

Plus vite que Vaillant ne l’espérait, les voilà ayant rejoint ce qui ressemble à première vue à un étang. Quelques grenouilles fuient devant les sabots de l’étalon alezan, mais il les ignore, gardant son regard sur l’étendue d’eau qui semble miraculeuse aux yeux de l’étalon. Cela fait deux jours qu’il n’en a pas vu, et après s’être réveillé dans un volcan il avait peur que cela ne soit qu’un mythe sur ce nouveau territoire. Le mulet lâche des jurons que la licorne n’essaye même pas de décrypter et commence à manger, laissant tout le loisir à Cœur Vaillant de l’ignorer au profit de l’eau.
Un de ses sabots se pose dans l’eau et soulève de la boue qui s'étend vaporeusement dans l’eau, l’étalon ignorant les quenouilles qui plient sous sa présence s’avançant sans ralentir.
Voilà deux jours qu’il en rêve et maintenant arrivé là, rien n’arrêtera la masse alezane qui, sabot après sabot s’avance toujours dans l’eau, près à se faire engloutir par les flots.
Ce n’est que quand l’eau lui arrive à la joue que la raison (et son instinct de survie) le font s’arrêter. Ses muscles tremblent, menaçant de le lâcher à la merci de l’eau qui doucement, s’immobilise autour de lui. Il y a du bruit autour de lui, Stormjaw en arrière plan qui mange et semble s'abreuver, bien sûr, les grenouilles aussi, mais les oreilles de l’étalon qui semblent papillonner d’une position à une autre entendent une mélopée de son connu et inconnu. Le vent du soir dans la végétation, le vent sur l’eau, le clapotis d’un poisson à la surface de l’eau, le cri d’animaux aux loin, le chant d’oiseau lointain. Certains bruits sont familiers, d’autres inconnus, mais il n’y en a aucun qui font hurler son instinct d’herbivore et encore une fois, Vaillant est content que dans sa malchance, il n’ait toujours pas croisé de réel danger autre que sa déshydratation.

Tremblant dans une eau trop fraîche pour son corps fatigué et déshydraté, ses muscles lui hurlent de sortir de là et de retourner sur les bords de l’étang, là où il sera plus en sécurité, mais Vaillant ignore son sens commun et s’ébroue lourdement et presque lentement, langoureusement dans l’eau. Cela ne le remettra pas en état, mais cela décrochera de ses poils, ses fanons et ses crins les plus gros morceaux de cendre et autres débris volcaniques.
Une panoplie de mouvement fuit alors qu’il dérange l’eau, tout enfoncé dedans qu’il est, mais il ignore partiellement la faune locale au profit de juste profiter de la sensation liquide qui l’entoure et le berce presque. Il adore l’eau, bien sûr, mais il ne se rappelle pas d’un moment où il s’est tant senti en communion avec l’élément.
Il a comme l’impression de renaître.
D’avoir traversé le feu sacré du volcan pour renaître au cœur d’un étang, telle une étrange licorne du lac. L’idée amuse beaucoup l’étalon qui est conscient que c’est la partie de son cerveau qui retient toute forme de poésie qui est en train de s’emballer et de rendre plus épique son aventure qu’elle ne l’est réellement.

Son regard se perd sur la surface presque immobile de l’eau qui reflète le ciel indigo du début de soirée, il aperçoit le reflet incertain et timide de la lune. Levant les yeux vers le ciel, la ronde lune l’ignore. Les astres célestes l'ignorent toujours, malgré leur présence régulière. Vaillant n’est même pas sûre de savoir d’où lui vient cette certitude, aussi étrange soit-elle.
Il inspire longuement l’air frais de la soirée et presque à contrecœur fait demi-tour pour retourner vers Stormjaw. Vaillant ne peut que sourire, amusé, en voyant son ami se goinfrer.
Ils l’ont mérité tous les deux.

Quand il a l’eau au paturon, Vaillant s’arrête pour doucement boire après s’être ébroué rapidement.
L’eau fraîche lui brûle la gorge et l’envie de pleurer lui monte aux yeux, bien que la déshydratation l’empêche de pleurer tout à fait. Il s’arrête de boire après quelques gorgées pour jouer avec l’eau dans sa bouche. Il parait que cela satisfait l’envie de boire. Vaillant ne sait pas si cela est vrai ou non, mais il n’a pas envie de se mettre l’estomac à l’envers et aimerait manger.
Vaillant compte bien rester ici au moins pour la nuit, peut-être rester toute la journée de demain ici s’il le peut. Cœur Vaillant ne veut que se reposer tout à fait, manger, boire, se remettre en état, peut-être profiter de la présence de Stormjaw pour apprendre à le connaître tout à fait ?
Sa coquetterie naturelle le fait tourner la tête vers son propre flanc pour observer son état physique. Il est toujours aussi massif et lourd, ses muscles entourés d’une fine couche de gras mais discernables à certains endroits où il a moins de poils, sa robe est assombrie par l’eau, mais semble en bon état et sans tâche de cendre, ses poils sont dans un triste état, sa fourrure au ventre semble avoir brûlé par endroit et plus courte par d’autres, mais la fourrure que son poitrail bien que tremper semble en relatif bon état, ses crins lui collent à l’encolure, sa queue sert de ramasse-boue au fond de l’eau. Ce n’est pas son physique le plus avantageux, mais quand il aura eu le temps de sécher, Vaillant est certain qu’il sera en bien meilleure forme, il sera toujours temps à ce moment-là de se faire réellement coquet.

Finalement, il s’arrête de boire tout à fait pour aller s’écrouler en vache près de son ami, soufflant longuement.
“ J’ai jamais été si heureux de boire. “ annonce-t-il, avant de commencer à brouter ce qu’il peut autour de lui, sans se lever. Une part de lui s’indigne qu’il ne cherche pas à surveiller les alentours, mais Vaillant sait que même s’il était debout, il n’est pas en état de faire quoi que ce soit d’autre pour au moins quelques heures.
Au moins, il a accès à de l’eau et ses crampes toujours présentes sont dans de bonnes dispositions pour être moins intenses, voir se calmer dans les heures qui suivent.

Cœur Vaillant se contente de rire le nez dans l’herbe, approuvant totalement le fait qu’il apprécie de manger. Et pas juste une petite quantité d’herbe desséchée ! De l’herbe, de la vraie, verte, pas aussi tendre que de l’herbe printanière, mais presque et ce petit arrière-goût si unique à l’herbe jeune qu’il peut sentir sur sa langue. C’est vrai qu’il a rarement eu une expérience si positive en mangeant ce qui est finalement juste de l’herbe et pas un fruit particulier ou une plante rare. C’est de l’herbe, verte, si parfaite aux papilles de Vaillant.
Vaillant a un instant de déconnexion mentale en cherchant presque désespérément à se souvenir d’autres mots que “parfait” pour décrire l’herbe et, pour toute son âme de conteur, il n’en a pas le vocabulaire. Peut-être parce que c’est la définition exacte du mot : parfait.
Quel étrange sentiment ...
Il n’observe que du coin de l'œil Stormjaw se coucher dans l’herbe, tout en continuant d’étendre l’encolure pour aller chercher d’autres herbes autour de lui, pathétiquement. Il faut dire que l’herbe devant lui est maintenant rasée au sol. Vaillant n’a pas envie de se lever pour véritablement brouter, il y a de l’herbe à volonté autour d’eux et il n’en manquera pas, pas besoin de se hâter de manger. Il broutera debout demain. Quand il ira mieux.

Vaillant relève la tête vers son ami qui demande son avis, arrêtant de manger pour mieux l’observer.
“ Un ... abri ? “
La tournure de phrase laisse sous-entendre que Stormjaw n'entend pas juste trouver un abri. Personne n’utilise le mot construire pour parler de trouver quelque chose, même pour imager un propos.
“ Construire ? “ répète-t-il idiotement, parce qu’il comprend tous les mots individuellement de la question du mulet, juste, pas dans cet agencement dans cette phrase précise. Les oreilles pointées vers le mulet, il approuve le sentiment de se poser. Cœur Vaillant a grand besoin de repos ! Et il est heureux s’il peut le faire en la compagnie de Stormjaw. Son cœur bullant doucement de joie, telle une eau s’aérant de façon languide dans une plaine calme, son aura toute entière apaisée et restant sagement en lui.
“ J’en pense que j’approuve totalement de faire une pause, je pourrais pas bouger d’ici avant au moins demain et j’ai besoin de reposer mes muscles. Et m’hydrater. Et manger. Et dormir. Bref, repos, oui, très bonne idée, faisons ça. “
Vaillant ponctue sa réponse de hochement de tête très ferme et décidé. Repos, oui.
“ Mais ... Construire un abri ? Comment cela ? Parce que je n’ai pas l’impression qu’on parle la même langue là. “

Cœur Vaillant observe curieusement les objets qu’a sortis Stormjaw de sa sacoche sur son dos. Des outils donc. Vaillant hoche la tête en écoutant. Il a du mal à imaginer des créatures avec cinq sabots. Il a déjà vu des poulpes et c’est à ça que la description de la chose lui fait penser. Un frisson lui glace le dos. Il ne veut absolument jamais se retrouver face à ces créatures aussi horribles physiquement que capables d’imaginer des mines où enfermer des équidés à vie. Mais la façon dont parle Stormjaw de leur création ... Peut-être qu’il y a du bon dans certains deux-pattes, de la même façon que certains oiseaux de proie sont capables de construire des nids de toute beauté aux formes étranges.
Vaillant a déjà vu diverses créatures terraformer leur environnement du lapin qui creuse un terrier au barrage des castors. Il a déjà vu des animaux se servir d’outils, tels la pie et ses pierres coupantes ou ses hameçons. Mais jamais dans sa vie Vaillant n’a entendu parler de chevaux se servir d’outil ou construire des choses. C’est un concept abstrait, mais qui illumine son âme.
Telles des divinités de légende, il imagine les chevaux créés.
Créé pour leur survie, bien sûr c’est la première idée qui vient dans la tête de l’étalon, mais aussi, ose-t-il rêver, créer pour créer, pour la beauté, pour le partage, pour l’amour de la vie.
Cœur Vaillant veut voir ça. Immensément.
Son esprit n’arrive pas à conjurer ce qu’un équidé peut faire avec ces connaissances et des outils.
“ Non, je n’ai jamais entendu parler de chevaux capables d’utiliser des outils ... Et tu sais faire ça, donc ? Tu penses que je peux t’aider à le faire, cet abri ? Je veux voir ce que tu sais faire ! “ demande-t-il, contenant son enthousiasme de poulain avec difficulté.
Vaillant aime les histoires et les contes plus que beaucoup de choses et voir Stormjaw utiliser des outils ? C’est une chose qu’il espère pouvoir voir et raconter dans le futur !

Sa curiosité est cependant subitement dissipée au profit de l’inquiétude.
Un hennissement vient de troubler le vacarme de la faune de l’étang et un galop lourd fait fuir des grenouilles dans l’eau, ainsi qu’hurler des oiseaux au loin. Il ne faut qu’un instant pour que Vaillant trouve l’arrivant-e avec un nuage de poussière.
Stormjaw pousse une exclamation en tentant de se lever, avant de soupirer, incapable de se lever et l’inquiétude gagne Vaillant : ils sont deux étalons fatigués, couchés au sol et très vulnérables sur bien des points de vues. Les naseaux de la licorne alezane tremblent presque avant qu’il ne se lève presque brutalement, ses muscles hurlant face à ce mouvement et arquant l’encolure, Vaillant tente de se faire imposant, debout à côté de son ami.
Cœur Vaillant n’a aucune illusion sur le fait que si l’inconnu-e est belliqueux, Vaillant ne pourra que s’effondrer au sol sans pouvoir défendre son ami, mais Vaillant n’arrive pas à lire l’aura de qui que ce soit, pas même la sienne et il préfère avoir une posture avantageuse pour tenter de dissoudre toute tentative d’attaque si cela vient à cela.
Cependant, si Vaillant tente de se tenir droit et d’être présent, il a les oreilles en avant et une expression fatiguée, mais avenante.
Il est fatigué, inquiet de l’arrivée tonitruante, mais il a bon espoir qu’il s’agisse d’une âme sensible. L’imposante silhouette du cheval de trait qui vient vers eux n’a pas l’air menaçant.
“ Salutation à vous ! “ lance-t-il quand il juge que l’inconnu-e pie pourra l’entendre, bien qu’il y ait encore de la distance entre elleux.

Cœur Vaillant ne s’est jamais considéré comme un petit gabarit. Il n’est pas le plus grand des équidés, il en a déjà connu des plus grands, mais il est habitué à être proportionnellement dans ce qu’on peut appeler la catégorie des grands chevaux. De la même façon, s’il a hérité des longues jambes de sa mère, il a surtout hérité du poids lourd et des poils de son père. Ainsi, de par la génétique (et un bon cadre de vie lors de sa jeunesse sans doute), Cœur Vaillant s’est toujours considéré comme étant un bon grand gros gabarit (merci Papa et Maman).
Face à lui se tient un géant.
Oh, l’inconnu crème est sensiblement plus petit que lui, d’un crin, mais il est d’un gabarit bien plus imposant que Vaillant. Ce qui est rare et Vaillant se sent soudainement très flagada, toute adrénaline repartie quand l'inconnu les salue très poliment en souriant, au pas, la terre semblant arrêter de trembler.
Vaillant se relaisse tomber au sol, sans faire de manière.
Il est trop fatigué pour des concepts tels que la légèreté. La gravité existe, merci bien.
Ses muscles tremblent, contents de relâcher tant l’effort que la tension et Vaillant remercie sa bonne étoile qu’encore une fois, ce soit un gentil équidé qui les ait trouvés, parce que Cœur n’est pas vaillant du tout ce soir (et ne le sera sans doute pas beaucoup plus demain).
De nouveau allongé, ses membres sous lui, il laisse échapper un soupir au fond de sa gorge, créant un étrange raclement mi-soulagé, mi-désespéré.

Il affiche cependant un grand sourire au grand gaillard qui les a rejoints pour ne pas trop l’inquiéter.
“ Juste un petit réveil au cœur d’un volcan pour ma part. “ explique-t-il succinctement dans un petit rire sans joie juste après Stormjaw.
Heureusement, sa déshydratation sera bientôt un lointain souvenir puisque son organisme est déjà en train d’extraire de son estomac tout ce dont il a besoin et tout ce dont Vaillant a besoin pour se remettre est une journée (ou deux ou trois) de repos ou au moins, moins intense que ces deux derniers jours. Marcher presque non-stop pendant deux jours n’était peut-être pas l’idée du siècle, mais l’organisme de Vaillant avait besoin en priorité d’eau plus que de sommeil et de repos. Son corps crie encore, indigné du traitement des jours passés, mais Vaillant sait que c’était un mal pour un bien. On meurt bien plus vite de déshydratation que de manque de repos.

Cœur Vaillant hoche vaguement la tête. Oui, il est encore en vie. Vaillant ne sait pas qui ou quoi est responsable de sa chance du moment (en dehors de son réveil même et du cataclysme), mais c’est en effet une bonne chose.
L’étalon alezan dodeline presque de la tête en observant le grand gaillard boire. Il est arrivé au bout de sa capacité à rester éveillé et bien qu’il fait un effort pour ne pas juste sombrer dans le sommeil, il est conscient que les bornes des limites seront bientôt franchies.

Le retour de l’inconnu le réveille pour quelques instants, juste le temps de constater les muscles mis en valeur par les poils désormais collés à la peau de l’étalon crémeux.
D’abord la belle Night Owl, ensuite le canon Stormy, maintenant ça, c’est quoi ce territoire de superbes chevaux ! songe au ralenti un Cœur Vaillant qui ne fait aucun effort pour se présenter, sa tête finissant par se poser au sol, son souffle s’apaisant doucement.

Il hummume vaguement en réponse à la question du grand inconnu, mais n’écoute que d’une oreille. Sa curiosité est piquée par ‘nourriture locale’, mais malheureusement l’organisme de Vaillant ne demande qu’à dormir. Il ne remarque même pas quand le trait s’éloigne d’eux, ses yeux se fermant doucement.
Une oreille se tourne sensiblement et mollement en la direction prise par l’inconnu qui fait un barouf de tous les diables, mais même cela n’inquiète pas le Cœur à moitié-endormis.

Cœur Vaillant rit mollement, sa mâchoire appuyée contre le sol étouffant le bruit à la remarque de Stormjaw.
“ Mais c’est toi qui as les plus grandes oreilles. “ bafouille-t-il, gardant les yeux fermés; mais intérieurement rajoutant ‘être minuscule c’est bien aussi’.
“ Je suis content que tu sois avec nous et pas dans ta mine. “ conclut Cœur Vaillant avant de souffler de contentement et de se laisser aller à un semi-sommeil, gardant vaguement une partie de son attention sur Stormjaw et l’inconnu, mais ignorant le reste de la nature les entourant.

Le bruit de l’inconnu fait vaciller les oreilles de Cœur Vaillant avec quelques secondes de décalages, l’étalon n’étant pas totalement endormi et donc lent à réagir. Il est tout juste conscient des bruits des grenouilles et de la présence rassurante de Stormjaw.

Vaillant entre-ouvre un œil en observant les fruits déposés par le grand gaillard.
“ C’- genti’. “ marmonne-t-il sans articuler; ni relever la tête.
Clignant de façon asynchrone les yeux il observe les étranges fruits qui rappellent vaguement à la licorne alezane des raisins. Si les raisins étaient bruns et plus gros, et plus ovales. Bon, ça ne ressemble pas du tout à des raisins, mais Vaillant a déjà refermé les yeux.

Cœur Vaillant hummume quand Stormjaw décrit la situation de grosse fatigue. C’est le cas de le dire, l’étalon n’arrive même pas à vocaliser quoi que ce soit. Une petite part de lui est consciente qu’il ne s’est pas présenté et fait preuve d’impolitesse, mais une part majoritaire de lui ne peut qu’être contenté de pouvoir dormir près d’une source d’eau, avec une source de nourriture et  le savoir que demain il pourra goûter à ce fruit étrange. Tout son organisme est déjà endormi et presque relaxé, il n’y a plus que le cerveau de Vaillant qui tourne au ralenti.
Derrière ses paupières, des images des derniers jours dansent déjà rien que pour lui, mélangées à d’étranges bulles d’auras colorées et l’omniprésence de Night Owl et Stormjaw.

C’est sur ces images douces et réconfortantes que Vaillant passe définitivement dans le monde du sommeil.

C’est l’absence du chant des grenouilles qui fait basculer Cœur Vaillant du monde du sommeil à celui du réveil et il relève vivement la tête vers l’étang qui n’a pas bougé d’un iota depuis la veille. Stormjaw est encore à ses côtés, endormi. La nature autour d’eux est baignée dans la douce lumière du matin et Vaillant ne peut qu’observer autour de lui les fourrées bougés et des oiseaux s’envoler, surprit de son vif mouvement.
Vaillant s’ébroue et se lève fébrilement sur ses membres, observant que le mouvement est celui de lapin venu boire qui fuit maintenant. Où que regarde Vaillant, il n’y a aucun danger.
La nuit fut calme. Trop calme pour deux équidés dormants couchés près d’un point d’eau.
C’est louche.
Vaillant n’est pas sûr de ce qu’il doit penser de ce trop grand calme.
Il y a aussi l’absence du trait crème qui l’interroge. Est-il retourné dans les hautes herbes ?

Dans tous les cas Cœur profite de ce calme ambiant et tout relatif (car la faune locale nocturne est peut-être endormie, mais celle diurne s’éveille) pour s’étirer de tout son long tel un chat, prenant tout son temps pour noter quels muscles sont encore douloureux ou crampé, et lesquelles vont bien mieux.
C’est quand il étire sa queue et se replace correctement sur ses quatre membres que Vaillant note l’absence de mal de crâne. Il semblerait que sa déshydratation presque débilitante passe. C’est une bonne nouvelle !
Une bonne journée de repos et son séjour dans un volcan ne sera plus qu’un (très) mauvais souvenir !
Cœur Vaillant étend doucement son aura qui lui répond parfaitement ! Son cœur bulle de joie, heureux d’avoir retrouvé son cher pouvoir et Vaillant se sent moins seule dans l’univers. Des filaments délicats et endormis de Storm viennent caresser son aura et Vaillant est heureux de constater que les rêves du mulet sont relativement calmes et agréables.
Rassuré, Cœur Vaillant s’en va mollement, pas encore tout à fait réveillé, vers l’étang pour boire quelques gorgées d’une eau claire et très froide qui le réveille tout à fait.

Contenté, Vaillant s’en retourne près de Stormjaw pour se mettre à brouter autour de l’endroit où il s’est endormi, histoire de garder un œil sur lui.
Ce n’est qu’après quelques minutes à profiter de l’herbe automnale un peu maigre, mais fort agréable à son organisme que Vaillant se souvient du fruit ressemblant de très loin à un raisin. Fruits qui sont encore là sur une feuille entre Stormjaw et lui.
Je me demande quel goût ça a, se demande la licorne alezane avant d’aller les renifler.
L’odeur est délicate, sucrée et lui rappelle celui d’un raisin trop mûr, il y a aussi une odeur d’épice (mais Vaillant serait bien incapable de dire laquelle). Il y a un léger voile blanc autour de celles qui dégagent une odeur des plus alléchantes. Du bout des lèvres, Cœur Vaillant détache l’un des fruits de la grappe et commence à croquer délicatement dedans, se rappelant des recommandations de l’inconnu : il y a un noyau dedans.
Le fruit est une excellente surprise pour Cœur Vaillant et son aura se met à vibrer de bonheur, pulsant gaiment.
C’est rudement bon !

Cœur Vaillant est en train de profiter d’un second fruit après avoir craché le noyau du premier entre ses antérieurs quand un bruit de branche lui fait tourner vivement une oreille puis le regard vers des fourrées d’où émerge le grand crème. L’étalon lui offre un sourire heureux et Vaillant ne peut que le lui rendre, bien plus éveillé que la veille.

“ Bien, merci et vous donc ? “ répond-il en relevant l’encolure après avoir rapidement craché un nouveau noyau.
À leur côté, Stormjaw émerge du monde des rêves en souriant et le cœur de Vaillant ne peut que pétiller doucement de joie à cette vision du mulet en train de s’éveiller un sourire aux lèvres, faisant doucement accélérer son rythme cardiaque.
Je suis dans la panade, note plus amusée qu’autre chose Cœur Vaillant, tout habitué des crushs qu’il est. Il ne pense pas à draguer à proprement parlé, il a d’autres choses en tête (tel que découvrir ce que Stormjaw peut faire de ses outils et découvrir le territoire), mais il ne peut pas empêcher son traître de cœur de réagir à la présence du pie appaloosa (qu’il le désire ou non).
“ Au fait, je me nomme Cœur Vaillant, je n’ai pas eu l’énergie de me présenter hier soir. “ se présente-t-il à l’intention de l’étalon dont le nom lui est encore inconnu, en profitant au passage pour lui sourire à nouveau. Peut-être qu’il s’est présenté la veille au soir, mais Vaillant n’en a véritablement aucun souvenir. Et il aime mettre un nom sur un visage, surtout si Vaillant veut retenir vers qui s’adresser pour découvrir les fruits et autres merveilles de la flore comestibles locales.
Ceci dit après une bonne nuit de sommeil, voilà Cœur Vaillant de nouveau énergique ! Encore un peu courbaturé, mais en bien meilleur état et prêt à affronter la journée avec enthousiasme. Surtout après un petit déjeuner aussi sucré et avec en tête une liste faramineuse de choses qu’il veut découvrir. Son appétit pour l’aventure tout comme pour la nourriture éveillé à ce nouveau départ sur un nouveau territoire, entouré d’inconnu-e qui n’attendent qu’à être dévoilé.

Stormjaw découvre également le fruit et Vaillant note dans son aura du plaisir, faisant doucement danser sa propre aura, simplement heureux de le voir apprécier le fruit.
“ Bien dormi ? “ demande-t-il en faisant un pas vers Stormjaw qui se relève, juste pour être un peu plus proche de lui, lui souriant plus doucement d’un sourire plus sincère que poli.