Parmi les miens je suis seule sans toi

Une jument mince et petite d'une lueur doré traversa pas à pas la vallée. Elle avait ce regard sombre que les vieux chevaux avaient lorsqu'ils réalisaient que leur vie n'avait jamais de sens. Mise à part de faire pousser de la végétation, Septembre n'avait pas de sens ici. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle ferait d'autre de sa vie que de faire pousser la vie. Déjà, toute petite, elle avait de la misère à vivre sans avoir vu le visage de son père. Maintenant qu'elle a perdu pour de bon sa mère, elle n'avait plus le goût d'être.

Le petite jument licorne et mutante ( autrefois fantôme) avait sur elle tant de potentielle, mais surtout une grande beauté qui s'orientait parfois à l'irréelle. Pourtant, elle n'avait rien vu de tout ceci. Elle se voyait simplement comme une petite abandonnée des dieux. Ils auraient dû lui enlever la vie, car elle toute seule ne pouvait pas le faire. Le suicide pour une yearling de trois ans était trop terrifiant. Juste à dire le mot, son coeur battait jusqu'à la douleur.

Aujourd'hui, alors que le soleil était magnifique, Septembre marchait tête basse en mangeant des fleurs aux douces odeurs.

Invité

Le bruit du vent. Le parfum des fleurs. L'odeur de la vie. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas ressenti de pareilles sensations. Et pourtant, il dormait encore, couché au sein des fleurs parées de mille couleurs. Oui, le grand cheval dragon avait ses ailes presque démoniaques repliées contre ses flancs, son corps dépourvu d'écailles mais de poils sombres comme la nuit immobile si ce n'est de légères indications de respiration.

Il rêvait. Il rêvait de son lointain passé. Il rêvait du cataclysme, quand son maître avait décidé de tout détruire puisque tout chavirait dans le chaos. Son maître et ami, la mort, Winter Death. Il ne savait même pas s'il était encore en vie. Si les quelques pas qu'il avait effectué n'étaient qu'un rêve, ou si en ses songes il vivait la réalité... qui pourrait le lui confirmer ?

Les esprits erraient non loin de lui, prudents à ne pas l'éveiller. Il n'y avait pas de maléfices sur le moment. Juste de la paix, de la fraîcheur... du renouveau, de la vie.
A peine conscient de ce qu'il se passait autour de lui, Shinigami finit par ouvrir ses yeux noirs sans pupilles, aussi sombres que la nuit, et affectés par la luminosité du jour présent. Il lui semblait sentir l'odeur d'un congénère, mais comment savoir ce qui était vrai de ce qui était du rêve ?

La réponse était simple. Il ressentit une sensation chaude sur lui, puis peu à peu il ressentit des lèvres bouger. Septembre broutait juste devant son ventre. Ce n'est pas qu'elle ne l'avait pas remarqué. En fait, dès qu'elle avait tourné le dos au montagne, elle remarqua l'équin sombre. Indifférente à sa présence, elle se donna le droit de déguster une fleur rarissime juste contre le ventre du cheval dragon. Si ce dernier se réveillait, elle pourrait disparaître tout simplement.

Depuis le Chaos, elle ne ressentait plus vraiment la peur. Quelque chose de pire noyait son coeur de jeune jument. C'était un sentiment insidieux qui à son plus fort venait la surprendre à chaque fois. Elle était profondément triste. Un émotion simple, mais qui fait tant de ravage.

Lorsqu'elle leva la tête vers l'horizon, elle remarqua du coin de l'oeil qu'il était réveillé. Ses yeux noire démoniaque lui fit l'effet d'une bombe. Septembre recula soudainement et devint tranquillement vaporeuse. Malgré le jour, une lumière or émanait de cette petite jument.

Invité

En effet, des sensations proches de son ventre. Un souffle chaud, quelque chose qui rôdait non loin. Cela lui rappelait tant de souvenirs... tant de la compagne si chère de son ancienne vie que des mêmes enfants de cette vie perdue depuis tant d'années maintenant. Maintenant que son Maître l'avait rappelé à lui, d'une manière à laquelle il ne s'était guère attendu. Loin d'être trépassé, il avait été réincarné en un corps nouveau, qui exaltait ses dons naturels, depuis quelques années maintenant...

Le cheval dragon ouvrit donc ses yeux abyssaux, pour voir une silhouette se reculer avec précipitation, et s'effacer comme un fantôme auréolé d'or. Pourtant, il la voyait toujours aussi nettement, par les mêmes dons que ceux qui lui empoisonnaient la vie mais aussi la régulaient. Sa voix sombre, profonde et grave, sans émotion perceptible, finit par se faire entendre alors qu'il se redressait :

- Je ne vous ferais aucun mal. Il n'est pas l'heure pour vous de rejoindre le royaume de la nuit, comme l'ont fait tant d'autres avec ce chaos des origines... détruire, pour rebâtir...

Âgée de trois ans, la yearling fut fort impressionnée par la voix d'outre-tombe du mâle. Elle recula à nouveau et tenta une fuite, lorsqu'elle remarqua à quel point l'inconnu pouvait l'apercevoir sans difficulté. Étrange et étonnant qu'un cheval dragon puisse la voir malgré le soleil éblouissant. Tout le monde le sait que ces reptiles équins se prélassaient le jour et la nuit chassait comme des diables. Plus calme, elle se remémora la phrase du monstre couché et n'en comprit toujours pas le sens. Septembre compris cependant qu'elle était hors du danger.

-Heu... d'accord...

timidement, elle ajouta:

-Je me nomme Septembre...et vous?

Invité

Une jeune âme encore... si jeune de corps et d'âme... pas comme lui. Son corps avait beau être jeune et fringant, son âme comptait un certain nombre d'années de vie, décuplé si l'on comptait ses deux existences successives. Le valet, le page de la Mort s'était donc redressé et étendant ses ailes démoniaques pour les détendre un peu. Il fuyait la luminosité de l'astre solaire, cachant sous ses longs et frisés crins noir ses prunelles sombres sans pupilles si inquiétantes. Encore un être qui allait penser qu'il était étrange, voire fou... s'il ne l'était pas un peu en étant trop sage, et donc insaisissable et racontant pour les autres moultes autres folies de ce genre. sa voix restait profonde et grave, sans émotion que ce soit alors qu'il tournait sa tête vers la jeunette :

- Je suis né de la Morte, fils de Personne. Je suis le valet qui erre sur les sentiers menant au royaume de la Nuit, le serviteur de la Mort... on m'a nommé Shinigami, on m'appelle Shinigami... mais je ne suis que le page, et non le dieu du trépas... enchanté de vous rencontrer Septembre... cherchez vous des proches ?"

Abasourdit par cet être sans âme - ou plutôt avec deux âmes si je ne me trompe pas-, Septembre recula encore une fois et devint qu'un petit halo de lumière. Il était si grand et avait l'air si fort malgré son jeune âge. En même temps, elle pouvait voir en Shinigami la vieillesse d'un ancêtre qui ne décède jamais.

-Je...Enchanté.... Hemmm...bafouilla-t-elle maladroitement en baissant les yeux vers le sol.

Citation :: cherchez vous des proches ?"

-Moi? Heu biensûre, comme tout le monde, mais avez vraiment ce pouvoir? Enfin, je vous crois... Je suis intimidée en fait... Humm , pardon? Elle prit une grande inspiration et demanda prestement:
- Savez-vous si ma mère, Poky est toujours en vie et si mon père Never l'est tout autant.

( Pour que tu répondes à cette question , laisse moi te dire que Poky va être bien en vie, mais Ara ne l'a pas encore fait et que Never est mort.)

Invité

Intimider les gens, malheureusement son apparence démoniaque le faisait bien toute seule. Cependant, elle avait sa raison d'être : elle rappelait sa filiation étroite - si ce n'est de sang, au moins de corps de manière distante et surtout d'âme - avec le représentant Equin du royaume des trépassés. Il inspira profondément, observant de ses yeux sans fond les esprits qui dansaient autour de lui, de sa présence spirituelle puissante et liée à la Mort. La petite semblait timide, et en son fort intérieure Flamme d'Argent le réprimandait de se montrer aussi froid et neutre. Du mieux qu'il le put en sa méconnaissance des sentiments, il essaya de la rassurer :

- Ne vous sentez pas intimidée, Septembre. Je suis plus inoffensif que l'on pourrait le penser, je n'attaque jamais quand la nécessité spirituelle n'y est pas. Sinon, je ne respecterais pas mes règles et je trahirais la confiance de celui qui m'a ramené en ce lieu... je connais mal ce que sont les émotions, mais je reste équin, vous savez...

Il hocha verticalement la tête à sa première question, écoutant en silence la suite des propos qui venaient de la silhouette fantomatique auréolée d'or qu'il fixait sans hésitation de derrière le rideau de crins noirs de son toupet frisé et ondulé. Il se concentra par la suite, sur l'odeur spirituelle et "physique" de la jeune jument, pour rassembler un pan de ses pouvoirs et mieux percevoir ce que les vivants ne pouvaient. Si son expression resta inerte, l'esprit le possédant ressentit un étrange sensation d'empathie avec la réponse qu'il déduisit, une chose qu'elle nommait... compassion. Compatir. Cum patior. Souffrir ensemble... mais le pouvait-il vraiment, lui qui ne savait ce qu'était de souffrir, ne le savait plus du moins ?

- Je puis le savoir... mes modestes talents sont liés au royaume de la Nuit, je communique entre le monde des vivants et celui des défunts principalement... en ce qui concerne votre question... l'un de vos parents est défunt, votre père. Son esprit n'est guère loin de vous, il pense à vous... votre autre parent, celle qui vous a donné le jour, est en vie par contre. Je ne ressens pas l'empreinte sur elle...

Septembre fut envahie d'une émotion des plus grande qu'elle n,est jamais sentit . Une émotion sans nom qui passe de la pure tristesse jusqu'au grand soulagement. Une marée instable de contradiction s'immisça lentement dans son cerveau conscient . Puis , elle éclata en sanglot. Une chute monstre sortit de ses yeux claire et la végétation autour d'elle pourrissait. À moins que cette végétation qui s'abaissait pleurait avec elle. C'était possible, car cette esprit de la forêt était intiment lié émotionnellement avec les plantes et les plantes aussi. Peu à peu son coeur devint solide. Elle n'avait plus peur de lui, elle était trop bouleversée par cette réponse lancer sans taque, mais avec une vérité des plus frappante, voir heurtante. La petite jument cremello qui avait les yeux clos depuis l'apparition du liquide salin , les ouvra subitement sur le regard vide de Shinigami. Ses pleurs redoublèrent et des méandres de son âme, elle sortit un misérable:

-Merci.

Invité

Il la regarda pleurer, mais cette fois une émotion traversa son expression, comme il gémit légèrement de douleur. Chez cet être qui ne connaissait pas les émotions, quand il les ressentait, par empathie du à l'esprit le possédant, il la ressentait de manière négative, redoublée de manière terrible, comme une douleur lancinante. A cet instant, après une certaine lutte mentale, les prunelles sombres prirent d'un coup un éclat ambré, avec des prunelles visibles le temps de quelques secondes. Le temps d'un murmure d'une voix douce et chaleureuse, moins masculine aussi bien qu'ancienne, plus encore que l'esprit de son hôte :

- Mes regrets, mademoiselle Septembre. Je vous prie de le pardonner, Il ne connait pas bien ce que sont les sentiments. J'en suis en partie responsable... il ne sait pas ce que c'est mais... il... je ne vais pas pouvoir.... rester longtemps... il peut ressentir quand même... Shini... derrière... la...

Très vite, cette présence douce, rassurante, sage et chaleureuse se trouva noyée dans les ombres de son hôte, dans sa froideur, sa tristesse interne refoulée, et non exprimée. Les yeux noirs sans fond reprirent leur place, des gouttes liquides de cristal perlant sur ses joues, la tête sans expression :

- Je ne peux compatir, dans le sens de souffrir avec vous. Je ne sais ce qu'est la souffrance. Les sentiments... connaissance que je vous envie par moment. J'ai perdu... aussi... un jour, il y a longtemps... des proches... j'ai eu mal... et pourtant, je ne... sais ce que c'est.

Une voix qui n'était pas du tout celle de Shinigami la fit sortir immédiatement de sa douleur. Le regard du mâle changeait étrangement d'un couleur plus douce et beaucoup moins inquiétante que le noir. Que se passait-il? De nouveau terrifié, elle redevint vaporeuse et sa lumière devint faible.
- Mes regrets, mademoiselle Septembre. Je vous prie de le pardonner, Il ne connait pas bien ce que sont les sentiments. J'en suis en partie responsable... il ne sait pas ce que c'est mais... il... je ne vais pas pouvoir.... rester longtemps... il peut ressentir quand même... Shini... derrière... la...

Qui était l'âme dans ce cheval qui n'en n'avait supposément pas du tout? Qui avait cette voix douce et rassurante et pourquoi nichait-t-il dans cet étalon aussi froid? Il y avait-il une chaleur réconfortante en lieu? Sans réponse Septembre ne put que pousser un plainte effrayée de ce qui se passait. Les yeux du mâle redevint drastiquement noir à nouveau et la voix retourna sous terre ou derrière le coeur de Shinigami.
- Je ne peux compatir, dans le sens de souffrir avec vous. Je ne sais ce qu'est la souffrance. Les sentiments... connaissance que je vous envie par moment. J'ai perdu... aussi... un jour, il y a longtemps... des proches... j'ai eu mal... et pourtant, je ne... sais ce que c'est.

Il y avait une larme qui perlait au coin de son oeil. Shinigami pouvait pleurer? Non ça devait sans doute être l'autre étalon fantôme qui avait prit possession du corps il y a de cela même pas une minute.

- Que s'est-il passé Shinigami? demanda-t-elle avec une voix tremblante.

Invité

Il ferma les yeux et prit une longue respiration pour brider en lui cette âme qui s'était endormie tant de temps avant de se réveiller à l'instant, à cette rencontre, douloureusement. Il secoua vivement sa tête comme pour chasser quelque chose d'invisible, le corps tremblant l'espace de quelques secondes, avant qu'il ne se reprenne de son début de panique sans émotion. Peur. Il connaissait cette émotion. Peur. Ce sentiment qui vous glace, vous terrifie et vous donne envie de fuir. Les autres le ressentaient beaucoup à son égard, même quand il n'était qu'un simple petit poulain miraculé né d'une jument morte en mise bas :

- C'est Elle. Elle se réveille parfois. Elle me rappelle que je suis tant aux vivants qu'aux morts. Elle me fait mal... et pourtant je ne saurais me passer d'Elle. Être du principe originel... présent par nécessité... et besoin... une âme qui me tempère, me rassure et me protège. Une âme..."

Il marqua une pause, cherchant à expliquer un phénomène assez compliqué le plus aisément possible, peu habitué à tant parler :

- Qui me possède depuis ma première venue dans le monde vivant. Elle. L'existence sans laquelle je ne serais pas. La Morte qui m'a donné la vie. Elle essaye de me protéger de mes pouvoirs, dans tous les sens du verbe. C'est un effet secondaire de mes dons... effroyables même pour moi. Septembre... ne t'en fais pas, ni Elle ni moi te voulons du mal. Flamme d'Argent... sait ce que sont les émotions. Sait tout ce que j'ignore, et ignore tout ce que je sais. Plus simplement... ma mère originelle me possède. Nous coexistons et nous partageons. Je... m'excuse ainsi d'avoir été la cause... de son passage dans le monde de la nuit...

- C'est insensé. mumurra-t-elle avec des yeux aussi grand que des ballons. nouveau solide, elle eut de la pitié pour le monstre devant elle. Même si la peur la tenaillait encore, Septembre sentit que Shinigami n'allait jamais ressentir quelque chose d'autre que cette douleur sourde et irréelle, qu'elle ne pouvait pas comprendre et vivre. Pauvre de lui. La licorne fantôme sécha ses pleures dans un mouvement délicat avec sa tête.

- C'est terrible aussi... Néanmoins je vous remercie pour la réponse. Je n'ai jamais vu mon père et je n'ai pu que m'attacher aux histoires que ma mère me racontait de lui. Il est mort, mais au moins ma mère est toujours en vie. C'est soulageant. Je vais pouvoir la retrouver et gagner espoir en la vie. La vie... Elle est si dure avec nous tous. Pourquoi Winter Death est si méchant avec nous tous, pourquoi a-t-il tué autant?! Si il est bien ton maître, tu devrais savoir pourquoi il a agis ainsi.

Invité

Pourtant, son ancien lui des fois lui revenait en mémoire, par le souvenir, et renforçait la douleur ressentie, comme en ce moment. A l'écoute des paroles de la jument esprit de la forêt, il sentit son coeur se serrer comme jamais depuis son retour après le chaos qui avait dévasté les terres, douloureusement. Un monstre, un monstre... ne rien ressentir pour rester fort, un des enseignements de Death... la voix qui lui murmurait à l'oreille en rêve ou en pensée à sa première vie. Il répondit avec gravité, une chose après l'autre, indirectement, sans rien exprimer mais... ressentant des échos d'émotions oubliés par la triste histoire qu'il relata à l'indirect :

- En des terres lointaines, aussi troublées que celles de notre passé, naquit un jour un poulain non mort-né, mais né-mort. La mère de ce dernier s'éteignit dans l'épuisement de son grand âge, et le désespoir d'un père qui n'est jamais venu. Il aurait du mourir. Il est resté en vie. Il a commencé à voir ce que les autres ne pouvaient, entendre l'inaudible des vivants, ressentir l'intangible... et détester le jour au profit de la nuit. Une jument au grand coeur le prit sous son aile, impressionnée par sa force, et il se lia avec la fille de cette dernière, Katara, de ce que vous appelez l'amitié. Des années après, ils se retrouvèrent, et ce... l'Amour... destructeur et tortionnaire... les lia à jamais, ces monstres équins différents des autres. Ces... monstres... équins différents eurent deux enfants, Fuego et Incendio, lui étant si ressemblants... Il les aimait tendrement. Mais un jour... essayant de mettre ses dons à profit des vivants lui étant chers et des morts qu'il respectait, un démon a réussi à s'emparer de son corps, et le conduire à la folie, puis au trépas. De la vie à la mort, de la mort à la vie... éternel cycle sans fin, boucle de continuité...

Ces noms étaient emplis de douleur, et très vite il fit l'effort de les repousser loin dans l'oubli des méandres de son âme, et laissa un long silence peser avant de répondre plus succinctement :

- Il y a une nécessité en chaque destin du monde. Un équilibre à respecter entre le bien et le mal, la morale et la débauche... la vie et la mort aussi, la paix et la guerre. Des règles de base... quand les êtres brisent ce fragile équilibre, alors des êtres doivent intervenir à la demande de ceux de là haut. Le rééquilibrer par tous les moyens possibles. Winter Death... est un de ces êtres incarnant l'équilibre. Et le modeste suivant que je suis... en partie. Je ne comprends pas toujours son raisonnement... sans doute ce moi que je ne suis plus reste t-il encore trop équin...

Il débitait tant de choses que son cerveau lui fit un mal de chien après sa longue tirade. Shinigami était de loin beaucoup trop poétique pour l'âge de la jument. En plus, Septembre n'avait presque rien compris de tous les informations du cheval dragon.

-Je crois être trop jeune pour comprendre. Peut-être un jour je vais ... comprendre? répondit-elle en désespoir. Je ne me souviens plus si elle était vaporeuse ou non, mais à cette instant, elle était bien solide. Sa corne or pointait vers le ciel alors que les crins flottants de Septembre volait au vent comme les voiles des bateaux. La jument commençait à se sentir bien face au géant noir. Elle n,avait plus peur de lui, mais elle se sentait mal-à-l'aise devant un être si ténébreux. La licorne fantôme était un être diurne , le soleil même et lui nocturne, était la nuit profonde qu'on craint le plus dans nos cauchemars.

Invité

Les paroles de la jument - de nouveau solide, ce qui conforta un peu le cheval-dragon plein de mélancolie et de tristesse sourde - lui arrachèrent un de ses rares mais étranges sourires un peu intimidants et rêveurs. Ceux d'entre le fou et le sage. Ceux d'entre le froid et la chaleur, ceux d'entre la mort et la vie... paradoxe, métonymie du paradoxe, de la dualité incessante en lui :

- Ne sois pas pressée, Septembre. Il faut profiter de la jeunesse, de la vie, ne pas brûler les étapes. En profiter, car rien n'est éternel, parfait, non, tout est éphémère, passager. Même des êtres comme Death ou moi... ne sommes pas inaltérables, inchangés. Chaque rencontre, comme la notre, pousse les individus à changer... même de manière invisible. Parle moi un peu de toi jeune jument... comment as-tu su résister au cataclysme ?"

Elle écouta les conseilles de Shinigami sagement. Sa mère ne l'aurait jamais dit des choses aussi mature, mais Poky était une toute aussi bonne mère qu'une autre. Elle hocha de la tête lorsqu'il termina sa réplique. L'étalon sans doute curieux de nature, lui posa une question qui lui fit très mal. La réponse était tellement simple, mais déchirante.

-J'étais une élue. dit-elle en camouflant sa grande tristesse et sa déception. Son père n'était pas un élu et ne le sera jamais. Il ne reviendra jamais comme un miracle, comme une chance. Non, il est mort et enterré dans une fausse commune sous une tonne de cendre et de la nouvelle terre.

- Winter Death m'a guidé à la sécurité.

Invité

Guidé à la survie... Winter Death aurait donc vraiment proclamé son verdict au final. Lui même n'étant que le serviteur, il ne savait pas tout, bien qu'il savait beaucoup de chose. La Mort n'avait sans doute pas jugé bon de l'en instruire... il resterait donc ignorant de ce point. S'il avait été capable d'exprimer une émotion, sans doute aurait-il montré de la compassion. Seulement, son visage restait inexpressif et ses yeux noirs sans fond d'un silence perpétuel, alors qu'il fit remarquer :

- "Des élus... comme quoi je ne sais pas tout, Septembre. La connaissance est un bien grand pouvoir, entre de bonnes mains bénéfiques, entre de mauvaises maléfiques, quelques soient leurs intentions initiales. Des fois être élu sonne comme une malédiction plus qu'une bénédiction. Mais chaque fois nous sommes passifs dans la décision, alors mieux vaut nous y plier et nous faire une raison... c'est plus sage?"

Nouveau silence, alors qu'il observait calmement les esprits autour de lui, plus intenses, certains plus désespérés encore qu'avant, plus nombreux. Cela lui donnait mal à la tête. Un esprit particulièrement retord n'était loin, ce qui se faisait tendre le cheval dragon serviteur de la nuit, renâclant légèrement tout en répondant d'une voix calme et posée :

- "Winter Death m'a sauvé du désespoir et de la folie il y a longtemps de cela. Si longtemps... et très loin d'ici. Je n'ai pas eu mon mot à dire mais... je ne regrette rien. Je ne sais ce qu'est le regret. La seule chose que je sache, c'est que j'ai une utilité en ce monde, quelque qu'elle soit. Comme tout le monde..."

Encore une fois, elle écouta dans un silence de moine les paroles sages du maître Shinigami. Celui-ci qui avait ce corps si jeune avait une expérience de vie assez longue et même dirait-on interminable. Septembre hésita entre le trouver chanceux de ne plus craindre la mort ou de trouver malheureux d'être sans liberté de vivre des émotions. Être toujours au neutre pouvait être dévastateur. Avait-t-il des amis ce Shinigami? Sans doute aucun. Et une amoureuse? Impossible. Dans cette triste réalité qu'était celle de Shinigami, elle posa un regard confus, mais compatissant surtout sur son sort.

- Je crois que c'est une bénédiction d'être toujours en vie, car je fais renaître la nature. C'est sans doute mon utilité. Parfois avez-vous envie d'avoir des sentiments?

Invité

A chaque don que vous fait la nature, vous devrez lui offrir quelque chose en retour. Pour les simples mortels, la vie et la mort. Pour les équidés mythiques, leurs pouvoirs et leurs conséquences. Pour les êtres comme Winter Death et lui... leur fonction, leur liberté/sentiment/partialité. La balance semblait déséquilibrée en leur sens, mais au vu de leurs pouvoirs, l'équilibre était bien là, bien présent, en des êtres aux personnalités nécessairement bipolaires, duelles, doubles.

Il perçut le regard confus de la jeune demoiselle, si jeune, si fraîche. Pourtant, elle essayait de le comprendre, ce qui lui procurait une sensation doucement agréable et positive sur laquelle il ne pouvait poser de nom, qui était en fait le plaisir tout simplement. La reconnaissance... tout cela lui semblait si loin, si étranger maintenant... il écouta avec attention sa réponse, sa question, y méditant quelques secondes tout en surveillant du coin de l'oeil l'esprit malveillant en approche rapide vers eux :

- "Je... ne sais pas. Qu'est ce que sont les sentiments ? J'ai beau observer les autres pour essayer de comprendre, chercher dans mon ancienne vie, la réponse me semble toujours trouble et plurielle. Elle m'en dit tant de bien, Elle... mais une voix me dit aussi de m'en garder. Peut-être est-ce pour mon utilité que de rester piégé entre ces deux positions. Vous avez un beau don, Septembre. Que de donner la vie... alors que moi j'annonce, voire je mène vers la Mort, j'accompagne. Peut-être que..."

Le cheval-dragon philosophe s'interrompit alors tout d'un coup, couchant les oreilles contre son crâne tout en se retournant en une direction et une cible en apparence invisible. Se posant entre la chose et la licorne-fantôme, il siffla d'un air menaçant alors qu'une aura sinistre se concentrait autour de lui :

- "Non. Éloigne toi d'elle. Son heure n'est pas venue, Death ne serait pas du tout ravie et moi non plus. Ne viole pas les lois des trépassés. Ne m'oblige pas à te faire reculer de force."

Citation :: - "Non. Éloigne toi d'elle. Son heure n'est pas venue, Death ne serait pas du tout ravie et moi non plus. Ne viole pas les lois des trépassés. Ne m'oblige pas à te faire reculer de force."

Septembre ne réagis pas toute de suite, mais les liens se mirent en marche lorsqu'elle se souvint du pouvoir étrange et angoissant du mâle. Son coeur battait de plus en plus vite et son sang produisait de l'adrénaline qui donna un énergie puissante à la licorne. Les équidés sont de nature à fuir et elle n'était pas d'exception. Elle fuit le danger aussi rapidement qu'un lièvre qui se faisait poursuivre par un loup. Elle dévala une colline et s'arrêta dès qu'elle franchit le cent mètres.

Invité

Ce n'était pas la bonne chose à faire, puisque l'esprit malveillant partit à sa suite en contournant Shinigami, ce qui arracha à ce dernier un hennissement terrifiant et glaçant comme il en prononçait rarement. Mortel et étrangement emplit de vie pourtant. L'étalon de la mort prit rapidement un galop allongé pour rejoindre l'esprit invisible - en apparence foncer droit vers Septembre - avant d'intercepter ce dernier quelques mètres avant l'impact, une aura noire entourant le serviteur du royaume de la nuit :

- "Je t'aurais averti. Recule ! Je ne te laisserais pas la prendre, pas une vie aussi précieuse ! Très bien, tu ne me laisses pas le choix !"

Shinigami agissait plus par instinct, mais aussi par quelque chose d'indéfinissable à ses yeux - un embryon d'amitié. Alors que l'aura noire se jeta vers un point précis et révéla une présence fantômatique d'un rouge sanguin, Shini poussa un hennissement terrible, en se cabrant furieusement. Le combat sembla durer un moment, avant que l'aura rouge ne se jette sur l'étalon dragon. Il y eut un flash noir pendant quelques secondes, avant un silence inquiétant et une absence totale de réaction. Pas normal du tout. Quel tranchant de l'épée de Damoclès était en présence actuellement ?

Toute cette actions étaient beaucoup trop intense pour la sensible Septembre. Lorsque Shinigami fonça droit sur elle, elle le croyait possédé, alors elle avait fuit plus loin jusqu'à ce qu'elle remarqua le combat entre du rouge et du noir. Curieuse et stupide, la jeune licorne vaporeuse s'approcha de ce combat éblouissant. À la fois complètement effrayée et attirée par Shinigami et l'être de sang-vapeur, Septembre se retrouva à quelques mètres d'eux. Puis ce fut un coup de grâce, mais pour qui? L'étalon noir semblait être encore plus neutre que d'habitude. Tellement, neutre qu'il en devenait MORT. Oh non!

-SHINIGAMI! S'écria-t-elle avec une émotion grande et puissante. Shinigami! Reviens! Reviens à toi!

Invité

La première fois que son nom fut interpellé, un ricanement pas très normal et inquiétant échappa aux lèvres du puissant cheval-dragon à la robe comme la nuit. L'esprit avait ouïe des légendes concernant cet être tout aussi puissant que vulnérable par son propre pouvoir. Après tout, il n'était pas la mort en personne, simplement son laquais, donc tout de suite plus accessible pour quelqu'un sachant ruser. Il allait approcher de la jeunette avec le corps de ce dernier. Un pas, deux...

Puis le corps qu'il possède se fige contre sa volonté, se rebelle. L'esprit malveillant - qui contrôlait en pouvoir la glace - se sentit comprimé puis étouffé par deux présences au lieu de la seule attendue. Deux puissantes présences - ce taré est déjà possédé ???? Comment se fait-ce ! De nouveau l'aura noire qui repoussa l'esprit de pourpre au dernier appel de la demoiselle, reprenant et des forces et l'envie de combattre. Avec un hennissement de terreur inaudible pour les mortels, l'aura rouge fut avalée par la noire et disparut avec elle, laissant un Shinigami épuisé qui murmurait simplement alors que sa pupille repassait de l'ambre au noir sans fond :

- "Passage... effectué vers là où il aurait dû aller. Je l'avais sous-estimé. Cela ne se reproduira plus. Je ne serais plus aussi imprudent."

Il tourna sa puissante tête vers Septembre, une esquisse à peine ébauchée de sourire hésitant sur les lèvres :

- "Merci... pour l'appel. Tu n'as rien ?"

Encore une fois la bataille fut assez éprouvant à regarder pour cette jeune fille à l'eau de rose. Septembre ferm les yeux , incapable de regarder plus de violence. L'horreur était à son comble lorsque le mâle se battait contre lui-même. Puis ce fut bien calme. Une voix loitaine l'oubligea à ouvrire les yeux. Shinigami la remercia sans sourire, mais elle sentait le soulagement tout de même.

-Je...Je crois que je vais faire des cauchemars. avoua-t-elle la voix sinistre.